Mois de Marie : son histoire
La dédicace d’un mois à une dévotion particulière est une forme de piété populaire relativement récente qu'on ne trouve guère en usage de manière générale avant le XVIIIe siècle.
Ainsi le mois de saint Joseph (mars), commencé à Viterbe, fut approuvé par Pie IX le 12 juin 1855 ; le mois du Rosaire (octobre), né en Espagne, fut approuvé par Pie IX le 28 juillet 1868 et recommandé par Léon XIII (1883) ; le mois du Sacré-Cœur (juin), né au couvent des Oiseaux de Paris en 1833 et encouragé par Mgr de Quelen, fut approuvé par Pie IX le 8 mai 1873.
Le mois du Saint Nom de Jésus fut approuvé par Léon XIII en 1902 (janvier), et le mois du Précieux Sang approuvé par Pie IX en 1850 (juillet) ; le mois de Notre-Dame des Douleurs a été approuvé par Pie IX en 1857 (septembre), le mois des âmes du Purgatoire approuvé par Léon XIII en 1888 (novembre).
Le mois de Marie
Dès le XIIIe siècle, on en trouve la mention dans les poèmes à Marie (Cantigas de Santa Maria) du roi Alphonse X de Castille, dit le Sage (1252-1284). Il y compare la beauté de Marie à celle du mois de mai. Au siècle suivant, le bienheureux dominicain Henri Suso avait, durant l’époque des fleurs, l’habitude de tresser des couronnes pour les offrir, au premier jour de mai, à la Vierge.
En 1549, un bénédictin, V. Seidl, publia un livre intitulé Le Mois de mai spirituel, alors que saint Philippe Néri exhortait déjà les jeunes gens à manifester un culte particulier à Marie pendant le mois de mai où il réunissait les enfants autour de l’autel de la Sainte Vierge pour lui offrir, avec les fleurs du printemps, les vertus qu’il avait fait éclore dans leurs jeunes âmes.
La promotion du « mois de Marie » doit beaucoup aux jésuites italiens qui publièrent de nombreux ouvrages sur le sujet au début du XVIIIe siècle. Ainsi le père jésuite Alfonso Muzzarelli publie en 1785 à Ferrare (Italie) Le mois de Marie ou mai, qui connaît une large diffusion. Il y propose des méditations sur les vertus de la Vierge pour tous les jours du mois de mai.
Les camilliens revendiquent l’honneur d’avoir inauguré le mois de Marie dans sa forme actuelle, en 1784. Les jésuites soulignèrent l’aspect familial en recommandant que, la veille du premier mai, dans chaque maison, on dressât un autel à Marie, orné de fleurs, devant lequel la famille se réunirait pour réciter des prières en l'honneur de la Sainte-Vierge chaque jour du mois avant de tirer au sort un billet qui indiquerait la vertu à pratiquer le lendemain.
Ces pratiques sont tombées en désuétude dans les années 1970.
Le mois de Marie en France
Grâce aux ouvrages des jésuites, le « mois de Marie » atteignit la France à la veille de la Révolution. La vénérable Louise de France, fille de Louis XV et prieure du carmel de Saint-Denis, en fut une zélée propagatrice. Cet usage n’eut un caractère général qu’avec les missions populaires de la Restauration, et son approbation officielle par le Saint-Siège (21 novembre 1815).
Après les jansénistes, le clergé constitutionnel était farouchement opposé à cette dévotion et l’on sait que Mgr Belmas, évêque concordataire de Cambrai, jadis évêque constitutionnel de l’Aude, en fut un adversaire résolu. Mais grâce à l’approbation de Pie VII, la dévotion finit par triompher.
Rappelons enfin que, depuis le 10 février 1638, la France est officiellement consacrée à la Sainte Vierge suite au vœu prononcé par le roi Louis XIII.
Profitons de ce mois qui lui est dédié pour demander à la Mère du Sauveur sa puissante protection sur nous-mêmes, notre pays et nos familles, et pour la prier de hâter le triomphe de son Cœur Immaculé.
(Sources : DTC/Wikipédia – FSSPX.Actualités)
Illustration : Flickr / Jean-Louis Maziere (CC BY-NC-SA 2.0)