Juillet 2023 - Mot du Supérieur

Source: District de Suisse

En ce début du mois de juillet, la liturgie nous permet de méditer sur la belle fête de la Visitation de la Très Sainte Vierge Marie à sa cousine Elisabeth. Voilà une fête qui met en valeur un aspect moins connu de notre bonne Mère du ciel, celui de sa vie apostolique. S’il fallait décrire en quelques mots la Très Sainte Vierge Marie, nous dirions qu’elle est le modèle des âmes intérieures. Nous penserions moins à souligner son zèle apostolique, alors qu’elle le possédait bien davantage que tous les saints réunis.

Tout cela est bien fondé, car lorsque Marie apparaît dans les Evangiles, elle nous est souvent présentée dans une attitude contemplative. Après avoir retrouvé son Fils au Temple à ses douze ans et entendu cette réponse un peu mystérieuse : « Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père », Marie méditait toutes ces choses dans son cœur, comme l’affirme l’Ecriture. Et l’on peut dire qu’elle fit ainsi tous les jours de sa vie.

Pendant les trois années de la vie publique de son divin Fils, rares sont les mentions de la présence de la Très Sainte Vierge Marie. Tout nous porte à croire qu’elle est restée quelque peu à l’écart. Pourtant ne pouvons-nous pas affirmer que, par sa vie de prière et par sa méditation continuelle, elle était plus proche du Sauveur que les apôtres même ?

Mais, si le mois de juillet débute par une fête mariale, le mois précédent s’achevait par la fête de deux figures apostoliques majeures, les saints apôtres Pierre et Paul, deux apôtres qui, à l’inverse de notre bonne Mère du ciel, apparaissent totalement livrés à l’apostolat et à la vie active.

On a vu les disciples timides et craintifs, on a connu saint Paul même persécuteur des chrétiens, mais une fois remplis de la force du Saint-Esprit, ils se consacrent sans compter aux travaux apostoliques. Les deux piliers de l’Eglise, comme tous les autres apôtres à leur suite, ont même donné leur sang pour Notre-Seigneur Jésus-Christ : saint Pierre crucifié la tête en bas et saint Paul, ayant fait valoir sa qualité de citoyen romain, décapité.

Devant ces deux modes de vie, nous sommes finalement un peu partagés : devons-nous être des âmes intérieures ou nous faut-il être des âmes apostoliques ? Comme cette belle fête de la Visitation nous l’indique, nous devons justement être les deux : des âmes intérieures et apostoliques !

Certes, la part de l’un et de l’autre peut varier pour chacun d’entre nous comme elle a pu varier chez les saints qui se sont succédé au cours des siècles, mais nous devons tous être des âmes intérieures comme notre bonne Mère du Ciel et tous nous devons être des âmes apostoliques à l’exemple des apôtres. Mais aussi on peut dire l’inverse : il faut que nous ayons une vie apostolique à l’exemple de la Très sainte Vierge Marie et il faut que nous soyons des âmes intérieures comme les apôtres.

Si nous sommes avant toute chose des âmes contemplatives, si nous aimons nous trouver dans l’intimité de Notre-Seigneur, même si les faiblesses et les nécessités de notre nature nous en détournent parfois, nous voulons aussi transmettre aux autres ce cadeau, ce don de la possession de la vie divine en nous.

De ces âmes contemplatives qui sont devenues de grands apôtres, on en connaît plusieurs magnifiques exemples, comme celui de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, elle qui n’est jamais sortie des murs de son couvent et que l’Eglise a élevée au rang de patronne des missions. Car la vie contemplative ne consiste pas à se complaire en soi, à se reposer sans effort, elle consiste à se donner tout entier au Bon Dieu et par ce moyen sauver les âmes. Dans le silence d’un monastère comme au cours d’un lointain voyage dans une métropole, mais aussi et surtout chez soi à la maison : tous nous avons l’occasion de devenir des missionnaires de premier plan en nous adonnant aux différentes activités que nous confie la Providence.

Notre bonne Mère du ciel a fait cela toute sa vie. Sans bruit, sans agitation, elle a mené les hommes vers son divin Fils en leur disant comme à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Avec humilité et grandeur d’âme, elle a accompli sa mission apostolique en réalisant la volonté de Dieu, car elle pratiquait d’avance ces paroles que prononcera son Fils : « Quiconque fait la volonté de mon Père céleste est mon frère, ma sœur et ma mère ». Enfin elle a été apôtre en se trouvant debout au pied du calvaire. Debout dans les moments difficiles, dans les épreuves, c’est là que l’on juge les véritables apôtres et nul doute que Marie en est le plus bel exemple, elle que l’on nomme dans les litanies la Reine des apôtres !

A l’inverse, se consacrer à l’action apostolique sans vie intérieure, c’est être cet airain sonnant que nous décrit si bien saint Paul. Sans secours ou sans recours à la grâce divine, c’est soi-même que l’on prêche aux autres et non plus le royaume de Dieu et sa justice.

Mais cette pseudo vie apostolique n’a pas été celle des douze apôtres et ne doit pas être non plus la nôtre. Pour reprendre deux maximes de l’Apôtre des Gentils, règles d’or à graver dans notre cœur dans le tourbillon de nos activités, il faut à la fois tenir que « pour nous, vivre c’est le Christ » et qu’il convient de « prier toujours – semper orare ! ».

Car c’est ainsi qu’ont vécu les apôtres. Ils ont commencé leur vie apostolique par une retraite de dix jours au Cénacle, ils passaient leur nuit et leur temps libre en prières, offrant le reste de leurs activités à la divine Providence.

Voilà les vrais contemplatifs, voilà les âmes qui, se sanctifiant dans leur devoir d’état, sanctifient les autres. Quel labeur que de gouverner l’Eglise à ses débuts, quelle fatigue accumulée dans ces voyages périlleux et incessants pour convertir les païens ! Mais ce labeur voulu par Dieu et soutenu par sa grâce a fait grimper ces âmes d’élite aux plus hauts degrés de l’union à Dieu.

S’il fallait résumer en deux mots le message de la fête de la Visitation, nous pourrions dire qu’il nous faut être apôtres comme Marie et contemplatifs comme les apôtres. C’est ainsi que nous convertirons les autres et que nous sauverons notre âme. Ne vivons pas dans l’ignorance et l’indifférence des dons divins, comme Notre-Seigneur en fit le reproche aux apôtres : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas encore ? ». Méditons et contemplons la grandeur du chrétien, la grandeur des fils de Dieu que nous sommes devenus par le baptême et transmettons aux autres cette flamme de l’amour divin.

Ce mois de juillet nous fournira certainement le temps et les occasions de nous consacrer à une authentique vie chrétienne, autant par notre vie intérieure que par nos actions apostoliques. Ne manquons ni à l’une ni aux autres, et grandissons en sagesse et en vertu !

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