Février 2023 - Mot du Supérieur
A la Toussaint 1970, Mgr Lefebvre recevait de la part de l’évêque de Fribourg l’autorisation d’établir officiellement la Fraternité Saint-Pie X dans son diocèse. Mgr Charrière motivait alors sa décision en raison de « la nécessité urgente de la formation de prêtres zélés et généreux, constatant que les statuts de la Fraternité correspondent à ce but. »
Ce fait pourrait nous paraître peut-être anecdotique, de l’ordre du détail au regard de l’histoire de l’Eglise. Ce serait une belle erreur, car on est là à son cœur même. Au seuil des années 1970, la crise suscitée par le concile Vatican II venait à peine de se déclarer, la nouvelle messe était tout juste promulguée… On aurait pu imaginer de la part de Mgr Marcel Lefebvre des plans d’action plus étendus ou apparemment plus ambitieux. Mais non, il va à l’essentiel : à la sauvegarde du sacerdoce : former de saints prêtres, car il n’y a rien de mieux pour collaborer au salut des âmes.
Plus de cinquante ans se sont passés désormais depuis la fondation de la Fraternité et l’on pourrait se demander si les nécessités n’ont pas changé et n’engagent pas d’autres priorités ? La Fraternité s’est répandue aux quatre coins du monde et, du moins selon les apparences, ce n’est pas autour des séminaires que toute l’activité de la Fraternité semble se développer. Les apparences sont cependant bien trompeuses, car si les nécessités n’ont fait augmenter, si l’état de nécessité n’est que plus évident, c’est donc que la solution est plus que jamais d’actualité !
Par conséquent la réponse de la Fraternité est encore et toujours la même : sauver les âmes en formant des prêtres zélés et généreux. Cette formation prend du temps, elle n’est pas un but en soi, mais elle est la condition sine qua non pour sauver les âmes.
Comme ce but n’a pas bougé d’un iota, certains pourraient penser que nous sommes restés figés dans le passé. Rien de plus faux ! Nous ne sommes pas restés fixés aux circonstances des années de fondation, il a fallu nous adapter à notre époque et à ses exigences. Il a fallu lutter contre l’esprit d’un siècle qui multiplie les obstacles sur la route des jeunes gens, avant même que la question de la vocation ne se pose. C’est du reste la raison de tous les efforts que nous portons à l’éducation et tout particulièrement aux écoles, mais aussi de tout l’apostolat auprès des familles et dans nos paroisses, pour qu’y règne une vie équilibrée.
J’aimerais donc, comme l’année écoulée, vous inviter, chers fidèles à une croisade de prières et de sacrifices pendant ce Carême pour les vocations. Bien sûr que les intentions et les efforts ne manquent pas pendant le Carême, à commencer par la sanctification personnelle. Mais l’intention pour les vocations résume et englobe toutes les intentions légitimes que nous pourrions avoir et leur donne une hauteur de vue à laquelle seule la vie de la grâce peut nous faire accéder.
En parcourant, visitant, écoutant les confrères et les fidèles d’un bout à l’autre du district de Suisse, même si c’est le plus petit en taille de la Fraternité, j’en arrive toujours et encore à la même conclusion : il nous faut des prêtres, il nous faut des vocations religieuses. Bien sûr qu’il faut des écoles, oui il faut construire et rénover des chapelles, et il est même important de développer notre présence sur internet… Mais à quoi sert tout cela s’il n’y a pas de prêtres ? C’est la clé de voûte de l’édifice ! C’est le prêtre et lui seul qui est chargé de donner Dieu aux âmes et de conduire les âmes à Dieu.
Une fois ce constat posé, on est parfois un peu lassé de cette question si fréquente : pourquoi est-ce si difficile de trouver des vocations et pourquoi faut-il revenir si souvent à cette intention ? La première réponse, c’est qu’il n’y a rien de nouveau à cela. De tout temps l’Eglise en a fait une priorité. Le Christ même nous en a montré l’exemple : « Priez le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. » A l’appel du côté de Dieu correspond la vocation qui consiste à donner toute sa vie à Dieu… et tout donner, ce n’est jamais simple, surtout en une époque qui baigne dans l’individualisme et l’appât du gain ! Tout donner pour Dieu aujourd’hui, c’est possible, mais c’est plus qu’héroïque, c’est à chaque fois un petit miracle !
Alors oui, il faut se mobiliser pour les vocations !
Mais pourquoi la meilleure réponse à cette demande est-elle la prière ? C’est une question bien légitime, à laquelle, on l’a vu, le Christ a déjà répondu. Mais il est vrai qu’il existe aussi de nombreux autres moyens qu’il ne faut ni négliger, ni mettre de côté. Là aussi, il faut nous adapter aux circonstances de notre époque, à la réalité dans laquelle nos jeunes vivent. Il ne faut rien négliger.
Mais le moyen essentiel n’a pas pris une ride. La prière sera toujours le moyen par excellence. Mgr Lefebvre l’a dit du reste dans l’une de ses conférences spirituelles : « L’esprit de prière engendre un zèle apostolique qui se manifeste par la recherche des vocations sacerdotales et religieuses. » (5 décembre 1981).
C’est la prière qui donne, mieux que tout autre, cette conviction et ce zèle pour les vocations. D’où l’importance de renouveler l’esprit de prière et de contemplation au cours de ce Carême. C’est non seulement à une fin d’intercession, pour obtenir la grâce de Dieu et son aide. Mais c’est aussi et surtout pour que l’esprit de prière confère, comme une seconde nature, cette persuasion de la nécessité des vocations et qu’il devienne comme naturel de tout faire pour en trouver et en susciter.
Si cet esprit vit dans les familles, alors elles deviendront un terreau favorable, afin que ceux que le Bon Dieu appelle puissent répondre généreusement à son appel.
Le travail dans un hôpital ou dans un orphelinat, par exemple, ne manquera jamais de nous convaincre de la nécessité des mesures à prendre pour venir en aide à ces malheureux : on parle de ce que l’on voit et de ce que l’on vit ! Ainsi, le travail de la prière nous convaincra encore plus de ce que l’on voit, à savoir que la moisson est grande mais qu’il y a peu d'ouvriers !
Que l’on soit bien rassuré, il ne s’agit pas d’enrôler des candidats contre leur gré. La voie du sacerdoce et de la vie religieuse est un choix totalement libre. Quel que soit l’appel de Dieu : à se consacrer à lui ou à vivre dans le monde, cela n’est qu’un moyen d’aller à lui. L’appel à suivre le Seigneur pour le salut des âmes restera toujours la plus belle part, certes, mais elle n’est pas pour tous. Une vie de prière et d’union à Dieu, même si elle ne débouche pas concrètement sur une vocation, n’en reste pas moins la voie de tout chrétien pour arriver à Dieu !
Chers fidèles, je me permets donc de confier cette sainte Quarantaine à votre générosité. Quarante jours de progression spirituelle, de sanctification, quarante jours pour de nombreuses et saintes vocations ! Je confier cette intention aux chapelets que vous réciterez et tout spécialement aux messes auxquelles vous assisterez et aux communions que vous offrirez : « La messe est faite pour donner la vie » (29 juin 1975) et comme il n’y a pas de messe sans prêtre, les vocations, c’est la vie ! Il n’y a pas meilleure source pour la fécondité de notre vie spirituelle et de notre apostolat.
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Abbé Thibaud Favre
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