Egypte : élan spectaculaire mais fragile des constructions d’églises
Le Patriarche d'Alexandrie, Mgr Ibrahim Sidrak
Le site de l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) parle de « travaux pharaoniques », et estime « qu’il est probable que, dans l’histoire du Moyen Orient, on n’ait jamais vu autant d’églises mises en chantier en même temps que cette année en Egypte ». La raison de cet élan avait été donnée dans un entretien du Patriarche d’Alexandrie, Mgr Ibrahim Sidrak.
Dans un article publié le 23 janvier dernier par le même site, Sa Béatitude Ibrahim Sidrak, Primat des coptes catholiques d’Egypte et Patriarche d’Alexandrie, qui dirige la petite Eglise copte catholique d’environ 300 000 fidèles, avait expliqué la situation actuelle des coptes en Egypte.
Le journaliste note que « contrairement aux autres pays du Moyen-Orient », il n’y a pas de forte émigration copte. Le Patriarche fait alors une double remarque. D’une part, la bonne intégration des chrétiens en Egypte.
D’autre part, « contrairement à d’autres pays voisins où la liberté religieuse a reculé, la nôtre s’est plutôt améliorée. Depuis une dizaine d’années, il y a un vrai progrès pour notre communauté. Nos églises sont reconnues par l’Etat et il y a bien moins d’actes de violence contre nous qu’auparavant. »
Poursuivant avec l’épisode de l’avènement de Mohamed Morsi et des Frères musulmans, il y a dix ans, le Patriarche s’en souvient comme d’une période terrible. « Il était très risqué pour un chrétien de marcher seul dans la rue. Nos églises étaient menacées, des centaines ont été brûlées », explique-t-il. Mais « à présent, nous vivons en relative sécurité ».
Plus loin, Mgr Ibrahim Sidrak insiste sur la qualité des 180 écoles catholiques coptes, où « beaucoup de musulmans souhaitent placer leurs enfants, et une partie des membres du gouvernement est passée par elles ». Mais ce dont les coptes ont surtout besoin, c’est d’églises. « Le gouvernement a levé les difficultés qui s’opposaient à la construction de nouvelles églises, et chaque diocèse a des projets de construction. »
« L’un des chantiers les plus symboliques de cette soif de reconstruction des coptes catholiques est notre cathédrale de Louxor, qui avait été incendiée et sera bientôt restaurée », conclut le prélat.
La fièvre des églises
Dans un article publié le 6 juin 2024, l’AED voit les chrétiens mettre « en chantier des centaines d’églises » grâce à la simplification des démarches accordées par le gouvernement d’Al-Sissi. La prospérité de l’Egypte y est aussi pour quelque chose, mais cette stabilité est menacée pour diverses raisons.
Et le rêve risque bien de se briser pour des raisons économiques. « Plus gros importateur de blé au monde, il dépendait en 2022 à 80% de l’Ukraine et de la Russie pour cette denrée essentielle », note l’AED. A présent « le prix des matières premières explose en même temps que la dette extérieure. L’Egypte est désormais le deuxième pays le plus à risque de faire défaut de sa dette, juste derrière l’Ukraine. »
Mais, comme l’explique Mgr Ibrahim Sidrak « les églises représentent le cœur de nos communautés et elles sont difficiles d’accès pour beaucoup de paroissiens. Ceux qui habitent loin doivent consacrer jusqu’au quart de leur salaire pour pouvoir amener leur famille en bus à l’église pour la messe dominicale. » Bel exemple de foi au milieu d’un pays musulman.
Il faut espérer que cet élan de reconstruction pourra aboutir autant que faire se peut, et que ce pays, qui a accueilli le Christ durant son exil, continue à le rendre présent par son Eglise.
(Source : AED – FSSPX.Actualités)
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