En route vers Bethléem
Église Saint Symphorien – Montjean-sur-Loire
Joseph savait que le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, était incarné dans le sein de son épouse. Il attendait sa naissance et il gardait le silence. Il était le gardien et non l’annonciateur. A l’instar de Marie, il repassait toutes ces choses dans son cœur. Ce n’était pas la manière qu’il avait imaginée. Il était stupéfait d’avoir à jouer un tel rôle. Il adorait Dieu. Il le remerciait. Les sages et les prudents ne savaient rien. Lui, simple et ignorant, avait part au secret divin. Il rendait gloire au Tout-Puissant.
« Mes voies ne sont pas vos voies, mes pensées ne sont pas vos pensées », avait-il fait dire par son prophète Isaïe. Jamais cette parole n’avait eu une plus magnifique illustration. Joseph vivait des moments indicibles en marchant tranquillement sur la route de Bethléem. Il savait que l’attente ne devait plus être longue et qu’elle serait comblée au-delà de toute espérance.
Marie, elle aussi, contemplait et priait. Son Cœur était paisible et confiant. Il portait en lui la fin de l’attente de tout le peuple d’Israël. En vérité, ces derniers moments ne pouvaient être mieux vécus que par la Vierge. Au nom de sa nation, au nom de la race humaine, en son nom personnel, elle sut exprimer à l’Amour les sentiments qu’il fallait.
Les passants, pas plus que les fonctionnaires du recensement, n’avaient reçu la grâce de discerner la merveilleuse identité de la jeune voyageuse. Mais on peut penser que les Anges accompagnèrent tout spécialement leur reine au cours de son voyage. En troupes innombrables et invisibles, ils suppléaient à l’absence des hommes ignorants. Les esprits bienheureux savaient, eux aussi, que l’événement était proche.
Les derniers moments de l’attente du Messie furent ainsi vécus par les deux cœurs humains les plus aimants et par les créatures spirituelles honorant de leur attention la Vierge qui allait donner naissance à l’Enfant Dieu.
Marie revivait tout ce qui s’était passé depuis la visite de l’Ange. Elle songeait à son voyage auprès d’Elisabeth. Elle pensait aux mois passés à Nazareth. Elle avait adressé à Dieu tant de prières d’actions de grâces, d’adoration, de supplication, soit seule, soit avec Joseph ! Ces prières, elle les reprenait avec plus d’ardeur que jamais.
Les élans du Cœur de Marie vers Dieu, tout au long du voyage de Nazareth à Bethléem, sont indicibles.
Cette attention à Dieu et à l’Enfant qu’elle portait dans son sein virginal dominait tout. Elle imprégnait la moindre de ses démarches. Elle ne pensait pas à elle, sinon pour s’abîmer dans la reconnaissance et dans l’humilité.
Le regard de Marie se posait avec douceur sur les champs qu’elle traversait, sur les gens qu’elle rencontrait. Elle percevait déjà dans son Cœur l’exultation de ceux qui, bientôt, sauraient. L’allégresse des générations de croyants jusqu’à la fin des temps était peu de chose à côté de la joie qui avait pris possession de son être.
Comment son Cœur n’aurait-il pas été débordant de bonheur ? Il n’y a pas d’attente plus heureuse dans toute l’histoire que l’attente de Joseph et de Marie marchant vers Bethléem.
Ô Marie, apprenez-nous à désirer la venue de Dieu dans notre âme avec autant d’ardeur que votre Cœur a désiré sa venue en ce monde. Faites-nous connaître ce bonheur paisible vous irradiant toute entière dans les jours qui ont précédé la Nativité.
[P. Auvray, Le Cœur immaculé de Marie]
Église Notre-Dame de l'Assomption – Ottrott/Mont Sainte-Odile