Marie et Joseph, modèles de soumission à la divine Providence
Bien chers fidèles,
Chez certains des ordres religieux les plus stricts, il y a cette admirable coutume de se lever pendant la nuit pour chanter l’office des matines. Une fois l’office terminé, les religieux ont bien sûr la possibilité de prendre à nouveau un peu de repos. Mais le plus difficile est à venir : c’est le second lever qui répugne grandement à la nature et il est presque impossible de s’y habituer.
Nul doute que ce trait de psychologie puisse s’adapter à la situation que nous vivons. Autant nous étions prêts à beaucoup offrir lors de la situation inédite qui nous a frappés au printemps, autant nous sommes bien moins disposés à le faire en cet automne : la situation sanitaire nous pèse et nous avons de la peine à trouver du courage et de la motivation.
Heureusement, la Providence, qui garde tout entre ses mains et qui sait toujours tirer du mal un plus grand bien, permet que nous vivions cette nouvelle épreuve à l’approche et pendant le temps de l’Avent. Je crois que cette coïncidence, qui est loin d’être un hasard aux yeux de Dieu, doit nous faire réfléchir et nous instruire !
Il ne s’agit pas de se hasarder à des comparaisons trop mystiques et encore moins d’inventer des exégèses très complexes ou fantaisistes. Il s’agit tout simplement de regarder comment Dieu a agi avec la sainte Famille pour comprendre comment, toutes proportions gardées, Dieu agit avec nous.
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Le temps de l’Avent est un temps de préparation à la fête de Noël. Pour la sainte Famille, c’était la préparation très concrète à la venue au monde du Fils du Dieu : le voyage de Nazareth à Bethléem ainsi que toutes les difficultés qui ont entouré la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le mystère de Noël est si beau et si touchant ! Alors ne manquons pas d’en tirer quelques leçons.
Pour ce faire, j’aimerais m’arrêter quelques instants avec vous sur les circonstances du voyage vers Bethléem. L’occupant romain ordonne un recensement de toute la population, ce qui n’est pas sans de nombreux inconvénients. Mais c’est admirable de voir comment saint Joseph se prête à cette demande. Il n’hésite pas un instant à faire prendre des risques à son épouse sur le point d’accoucher et à un enfant à naître qui n’est autre que le Fils de Dieu. Pourquoi ? Pour se soumettre à la volonté des autorités civiles !
Or il ne faudrait pas oublier l’incertitude très grande que la Providence permet pour ce voyage. Saint Joseph doit quitter un village où, on peut bien l’imaginer, tout était prêt pour accueillir l’Enfant-Dieu. Il va devoir entreprendre un long voyage, frapper à la porte des hôtelleries sans y trouver aucun refuge pour, enfin, devoir se contenter d’une humble étable qui accueillera la venue au monde du Sauveur. Rien de tout cela n’a dû être aisé !
Vu ainsi, le mystère de Noël nous paraît moins attirant… et pourtant c’est bien cela qui le rend si beau : la lumière n’est plus belle qu’une fois qu’on est passé par l’obscurité. La méditation de ces deux points ne doit pas nous cantonner à la seule admiration des vertus de la sainte Famille ; elle doit vraiment motiver en nous une sainte émulation et nous amener à la pratique de ces mêmes vertus.
A l’image de ce qui a été demandé à saint Joseph alors, l’autorité civile exige aujourd’hui de nous des choses difficiles et désagréables, en ce temps de pandémie. En plus, c’est l’incertitude totale sur ce que l’avenir nous réserve. On peine à comprendre le but de la Providence et le sens de toutes ces épreuves ! Pourtant la réponse est toute simple, à l’imitation de Joseph et de Marie, c’est pour nous sanctifier et nous aider à gagner notre ciel.
Concrètement, cela passe par un premier point : notre attitude vis-à-vis des autorités civiles. Nous avons de la peine à comprendre quelle doit être l’attitude chrétienne vis-à-vis de nos gouvernements, d’autant qu’ils s’éloignent toujours davantage de Dieu. La réponse ? C’est tout d’abord de garder la tête froide dans le flot continu de nouvelles qui nous parviennent. Nul besoin d’aller chercher des complots très savants comme explication dernière et unique d’une situation sanitaire compliquée… alors qu’une évidence est devant nos yeux et bien plus grave : la religion est devenue une activité secondaire et facultative. Voilà le problème le plus urgent ! Et nous devons lutter pour remédier à l’apostasie de nos états anciennement catholiques.
Il convient donc de remettre chaque chose à sa place : « rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ». On peut parfaitement avoir une approche différente des causes de la pandémie et des solutions à trouver. Mais une chose est sûre : nous vivons en société et cette société a besoin d’un ordre. C’est ce que nos autorités s’efforcent de réaliser par les mesures mises en place. Et aussi bien à notre époque qu’à celle de saint Joseph, une opposition de principe à l’ordre civil est clairement restreinte au cas où la foi et la morale sont en danger. Concrètement, lorsque notre foi n’est pas en danger, il est un devoir, pour nous chrétiens, d’être des citoyens exemplaires et fidèles. Il y a tellement de points sur lesquels nos gouvernements s’opposent à la loi divine et où il faut résister, qu’il ne faut pas perdre ni son temps ni son énergie dans des combats annexes et incertains.
L’Avent nous permet justement de prendre ce recul nécessaire. Il dirige notre regard vers les réalités essentielles. Il nous fait considérer nos activités quotidiennes à la lumière des éternelles. Nous avons tant de peine à juger objectivement au milieu de toutes ces choses qui nous occupent continuellement ! Le chemin vers l’essentiel est tellement important à garder devant les yeux : nous n’avons qu’un seul but, conserver la présence de Dieu en nos cœurs et le faire naître en celui de notre prochain.
Nous arrivons ainsi à un deuxième point : l’admiration et l’imitation de la sainte Famille. Il nous faut garder ce but ultime envers et contre tout. Comme pour Marie et Joseph, cela engendre des déceptions, des sacrifices, des souffrances : mais cela rend aussi le résultat encore plus beau !
Le temps que nous vivons réclame de nous de nombreux détachements, des contraintes, des impossibilités. Tout cela doit nous amener à des réflexions profondes. Car le manque peut nous être vraiment salutaire. En ce qui concerne les choses inutiles, cela nous montre avec quelle facilité nous y perdons du temps, mais aussi comment nous pouvons aisément nous en défaire. Inversement pour les choses essentielles, nous comprenons beaucoup mieux leur prix et leur importance, avec une soif et une envie renouvelées de les recevoir : la messe, les sacrements.
Au final, si nous sommes fidèles et patients, nous serons comme la sainte Famille. Nous nous retrouverons dans une étable : c’est-à-dire nous redécouvrirons les joies simples et les valeurs vraies. Notre société de consommation nous prive de la joie et nous déconnecte totalement de la réalité. Avec un peu de détachement et de générosité le vrai bonheur devient à notre portée.
Sans Avent, il n’y aurait pas eu de Noël. Cela paraît banal et ridicule, mais ce qui rend si extraordinaire la naissance de Notre-Seigneur, c’est tout le chemin d’épreuve, de renoncement et de générosité. Ce qui rend notre âme si belle pour accueillir le Bon Dieu, c’est justement l’humilité, l’esprit de pauvreté et sa générosité.
Que Notre-Dame qui nous a enfantés à la grâce, nous garde et nous protège en ces temps difficiles !
Abbé Thibaud Favre