Le District de Suisse parraine le Nigéria
Bien chers fidèles,
Le district de Suisse ne risque pas de se laisser vaincre en générosité : le dimanche des missions d’octobre dernier, ce ne sont pas moins de 100'000.- francs qui ont été versés sur le compte de la quête pour les missions. Au nom de mes confrères du Nigeria et du Brésil qui ont déjà reçu l’argent, je voudrais remercier sincèrement tous les bienfaiteurs !
Notre Supérieur général, Monsieur l’abbé Davide Pagliarani, prend aussi très à cœur les œuvres missionnaires de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Plus encore, il tient compte du bien-être spirituel et corporel de nos missionnaires.
La Fraternité possède un établissement au Nigeria depuis 5 ans. Malheureusement nos prêtres y vivent dans des conditions plutôt précaires. Si l’on veut remédier à cet inconvénient, une aide isolée ne suffit naturellement pas. C’est pour cette raison que le Supérieur général a émis le vœu que le District de Suisse mette sur pied une sorte de « parrainage » pour le Nigeria.
Avant d’en parler plus en détail, je désire vous décrire brièvement la situation dans ce pays.
La situation au Nigeria
Le 15 août 2018, l’abbé Henry Wuilloud, supérieur du district d’Afrique, a lancé un appel aux fidèles de Suisse, afin qu’ils soutiennent généreusement la quête pour les missions. Nous n’avons malheureusement pu en publier qu’une petite partie dans Le Rocher1 . Nous voulons maintenant reprendre la partie omise et transcrivons ci-dessous le texte en entier, excepté l’introduction et la conclusion.
Tout d’abord, l’abbé Wuilloud décrit la situation dans le pays :
« Ce pays qui est le plus peuplé d’Afrique (avec plus de 180 millions d’habitants), recense par ailleurs une forte chrétienté. Cependant on entend surtout parler de Boko Haram et ce nom fait peur évidemment par sa consonance avec les excités d’Allah… Pour comprendre cela, il faut d’abord distinguer le nord très islamisé d’avec le sud bien christianisé, puis dans ce sud : l’ouest avec un grand mélange de tribus d’avec l’est où se trouvent les Igbos ! Ces derniers sont un peuple très intéressant et même prometteur. Ils ont été profondément catholicisés par des missionnaires venus principalement de l’Irlande, qui avaient établi une excellente filière d’écoles de bonne qualité. Intelligents et dominateurs, ils étaient au cœur du développement du pays et auraient pu être au centre d’un immense essor africain. Mais ils ont été lourdement frappés par une guerre spécialement dirigée contre eux, pour ceux qui se rappellent, dans les années 70’, où l’on parlait de la guerre du Biafra qui a fait des millions de victimes.
La société Igbo a ainsi été décapitée dans ses élites et malheureusement l’Eglise catholique ayant perdu sa flamme missionnaire n’est plus vraiment capable de transmettre le feu des vertus chrétiennes. Mais malgré cela, c’est encore une société préservée qui protège la famille. Le divorce y est très mal vu, au contraire des autres ethnies bien plus décadentes dans leurs mœurs. »
La Fraternité au Nigeria
Après la description de la situation politique au Nigeria, le supérieur d’Afrique aborde l’état actuel de notre établissement pour ensuite envisager l’avenir :
« C’est donc dans la capitale des Igbos, à Enugu, que la Fraternité s’est installée et elle y loue une maison assez grande mais aux conditions de vie plutôt sommaires. Un grand terrain a été acquis voici deux ans, bien situé et qui permettrait une forte implantation. Nous avons depuis travaillé les plans d’un prieuré avec une chapelle provisoire. Mais tout prend du temps ici ! Rien n’est simple, c’est le royaume des combines et il faut beaucoup de vertus pour éviter d’entrer dans le chemin facile de la corruption. Quelques billets glissés à la bonne personne et tout va beaucoup plus vite et plus efficacement. Les confrères se refusent à cela, l’Afrique va déjà suffisamment mal pour ne pas entrer dans cet engrenage !
Un prieuré c’est un véritable chez-soi, bien nécessaire pour nos prêtres et nos frères. Vous savez, vivre dans ces chaleurs quasi constantes, est très usant pour nous autres Européens. Lorsqu’arrive le temps de fraîcheur relative, c’est le temps de l’Harmatan ! C’est un vent qui vient du désert du Sahara et qui couvre le pays de nuages de poussière ! Alors le soleil est moins actif mais il faut passer le chiffon à chaque fois que vous voulez mettre les coudes sur la table !
Il nous faut donc bâtir un prieuré assez vaste pour pouvoir, en plus des membres, également accueillir les pré-séminaristes. Il est souverainement important de jauger les candidats. Dans ces pays, devenir prêtre ou religieux est un véritable tremplin social et ce n’est donc pas toujours des candidats très intéressants qui frappent à notre porte ! Alors avant de les envoyer dans nos différents séminaires, il nous faut les connaître et aussi leur apporter les premières bases de formation. Puis une chapelle que nous prévoyons provisoire pour 300 personnes, c’est un peu plus que le nombre actuel de fidèles. Mais là, nous serons plus visibles et donc notre rayonnement devrait s’intensifier. »
Le parrainage
Le projet de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X au Nigeria semble très prometteur. Comme il est impossible que les fidèles de ce pays puissent faire face au financement de cette construction, l’abbé Pierre-Yves Chrissement, le prêtre responsable du lieu, a déjà entrepris de nombreux voyages aux Etats-Unis en vue de motiver les fidèles pour ce projet. En France aussi, une association de fidèles a été fondée dans ce but. Là-dessus se greffe encore le parrainage de la Suisse. Concrètement, cela signifie que les quêtes suivantes seront (en partie) versées au Nigeria :
• Action de carême 2019
• Quête pour les missions 2019
• Action de carême 2020
Pour rester unis en esprit avec nos « filleuls », vous lirez sporadiquement des nouvelles du Nigeria dans Le Rocher. Vous pourrez ainsi voir évoluer la construction d’un prieuré à 4’500 kilomètres de chez nous. La première contribution sera la lettre de remerciement de l’abbé Chrissement pour la quête pour les missions de 2018.
Peut-être pourrons-nous aussi saluer un jour un missionnaire qui ferait une tournée en Suisse pour nous donner une première impression de notre mission en Afrique. En contrepartie, je serai peut-être invité au Nigeria pour constater sur place l’avancement de la construction. Donc, si je ne réponds pas au téléphone et que les secrétaires de Rickenbach prétendent que je suis en Afrique, il se pourrait bien que ce ne soit pas pour vous mener en bateau…
Abbé Pascal Schreiber
Extrait du bulletin Le Rocher c'est le Christ n° 117 – Février / Mars 2019
- 1Le Rocher c’est le Christ n° 115 – octobre-novembre 2018.