Un mot d’encouragement pour tous les éducateurs
Chers pères, mères, grands-parents, professeurs et éducateurs,
Si vous vous attendez ici à un article théologique, je dois vous détromper, hélas. Car à ce point de vue, le titre est tout bonnement faux. Seul Dieu peut faire des miracles. Même si on les attribue souvent aux saints, c’est encore Dieu qui agit. Et en ce qui concerne les bottes, elles ne peuvent pas faire de miracles.
Mais venons-en à notre histoire. David, un garçon de dix ans, dut aller un jour seul chez le docteur. Sur le chemin, une aimable conductrice lui fit un signe de la main pour le laisser traverser le passage piéton, lorsqu’un chauffeur impatient derrière elle la dépassa. David fut happé par la voiture et jeté au sol. Grâce à Dieu, il s’en tira avec des contusions. Une semaine plus tard, sa mère alla avec lui chez le docteur pour un contrôle. Celui-ci la salua très aimablement : « Bonjour, madame… » La mère fut un peu étonnée par cette salutation aimable (la famille était l’objet de railleries dans le village à cause de la force de ses convictions et de sa fidélité), car elle ne connaissait pas encore ce médecin. Mais le mystère s’éclaircit bien vite. Le docteur fit l’éloge du garçon : « Quel gentil garçon, quel brave gaillard. Rendez-vous compte : avant même d’entrer dans mon cabinet avec ses contusions, il a rangé ses bottes bien en ordre devant la porte. » Le médecin ne pouvait simplement pas croire qu’une chose pareille soit possible.
Aussitôt cela résonna dans l’esprit de la mère : « Les bottes bien rangées ? Vraiment ?! » La mère se souvint de ses innombrables remontrances : « David, tes bottes traînent dans le hall. S’il te plaît, range-les ! » Souvent elle était désespérée par l’insouciance de son fils. Oui, elle pensait même : « C’est impossible, il n’apprendra jamais. » Plusieurs fois par le passé, elle avait pris les bottes des autres enfants et les avait dispersées sur le sol du couloir pour montrer au garçon de quoi cela aurait l’air si tout le monde agissait comme lui. Et maintenant ce sont précisément ses bottes qui avaient impressionné le docteur. Oui, des bottes peuvent faire des miracles, vraiment, lorsqu’elles sont au bon endroit au bon moment.
Cette petite expérience doit encourager tous les parents et éducateurs que les détails de tous les jours menacent de submerger. Cinq rappels à l’ordre par jour et par enfant, cela en fait 25, si l’on a cinq enfants. Et certains enfants doivent tout entendre trois fois… on arrive alors à 75 rappels à l’ordre par jour ! L’histoire des bottes nous apprend que le proverbe « goutte à goutte, l’eau creuse la pierre » vaut aussi pour l’éducation.
Qu’en est-il de notre relation à Dieu, à nous, adultes ? Combien de fois par jour sommes-nous, nous enfants de Dieu, invités par notre Père céleste à mettre de l’ordre dans notre vie, à faire le bien, à être fidèles à notre vie de prière, à accepter un petit renoncement, etc. ? Quand écoutons-nous cette voix intérieure ? Si nous faisons la sourde oreille, pouvons-nous nous étonner que le Bon Dieu n’exauce guère nos prières et que les enfants n’obéissent pas toujours du premier coup ? Médecin, guéris-toi toi-même !
Soyons attentifs aux inspirations du Saint-Esprit et continuons d’exhorter les enfants à ranger leurs bottes !
Abbé Pascal Schreiber
Extrait du bulletin Le Rocher c'est le Christ n° 115 – octobre - novembre 2018