L’attente appartient à l’essence de la vie humaine
Bien chers fidèles,
« Moi. Tout. Tout de suite. » Les enfants d’aujourd’hui vivent selon cette maxime, déclare Bernhard Bueb dans son livre Lob der Disziplin (Eloge de la discipline). Ils reçoivent « trop d’amour et trop peu de discipline. Ils ont continuellement besoin d’attention, émotionnellement et matériellement, et ils n’ont pas appris à céder. » « Moi, Tout. Tout de suite. » ? A quel point suis-je centré sur moi ? Est-ce qu’une partie « seulement » me suffit ? Suis-je capable d’attendre ?
Approfondissons un peu cette dernière question.
Le sang vif pousse les jeunes gens vers l’avant. Sont-ils à l’école qu’ils voudraient déjà être en formation, en apprentissage qu’ils voudraient déjà avoir une relation. Ont-ils une relation qu’ils voudraient déjà être mariés. Sont-ils mariés qu’ils veulent être parents. Ils vivent trop dans l’avenir et trop peu dans le présent. Les jeunes devraient prendre à cœur les mots du poète :
« Apprends à attendre pour mûrir.
Apprends à économiser pour t’enrichir.
Apprends à te dominer pour être libre. »
L’adulte aussi doit exercer sa patience et être capable d’attendre. Il attend dans le trafic, dans les magasins et dans les salles… d’attente. Il attend le bus qui a du retard, se tourne les pouces, étouffe un bâillement ou plus encore : il réprime sa rancœur. Il attend que son conjoint change et que la crise de l’Eglise prenne fin. Il attend et attend.
Mais tous n’attendent pas toujours et partout. Certaines personnes s’affranchissent de l’attente ! Elles volent en "business class" et vont en tant que patients privés chez le médecin. La prise en charge est à peine meilleure, mais on évite la salle d’attente.
L’attente appartient à l’essence de la vie humaine. Il y a un temps pour semer et un temps pour récolter. Celui qui veut déjà moissonner au printemps, restera devant des granges vides en automne. L’homme qui ne peut pas attendre veut à la fois la fleur et le fruit. Tirer sur les brins d’herbe ne les fait pas pousser plus vite ! Dans de nombreux cas, savoir attendre est indispensable si l’on veut atteindre le but.
L’Avent est le temps de l’attente. C’est la « préparation à l’arrivée du Seigneur Jésus »1 . L’Eglise nous fait éprouver durant quatre semaines le besoin de rédemption de l’humanité pour nous rendre dignes de recevoir la grâce de la rédemption. Elle nous met dans l’esprit de la (première) venue du Christ et attend de nous la même nostalgie du Sauveur qui animait les meilleurs de l’Ancien Testament.
Une attente longue et brûlante sera comblée plus généreusement. Plus nous aspirerons à la venue du Sauveur, plus grands seront notre joie de Noël et le don de la grâce de Dieu.
Chaque jour de l’Avent, nous voulons apprendre à attendre ! Ne vivons ni dans le passé ni dans l’avenir, mais dans le présent. Tâchons à chaque instant – selon nos connaissances et nos forces – d’accomplir la volonté de Dieu, avec le maximum d’amour.
Abbé Pascal Schreiber
Extrait du bulletin Le Rocher c'est le Christ n° 110 – décembre 2017 - janvier 2018
- 1Martyrologe romain.