Un vrai renouvellement à l’aide de la grâce
Bien chers fidèles,
Dans son livre Mit Zwillingen fing es an1, Lisbeth Burger ne donne pas vraiment une image positive des hommes dans la première moitié du XXe siècle. D’autres sages-femmes de cette époque décrivent des situations analogues. Beaucoup d’hommes manquaient alors de courtoisie, d’empathie et de tact.
Il est vraisemblable que ces manques ont créé un terrain favorable au féminisme qui surgit dans la seconde moitié du XXe siècle. Il voulait libérer les femmes. N’était-ce “que” cela ? Alice Schwarzer, la féministe la plus célèbre d’Allemagne, décrit ainsi ses intentions : « Nous ne voulons pas qu’une petite part, nous voulons le pouvoir sur les hommes. » Andrea Dworkin, écrivain recommandé par Alice Schwarzer, donne l’image des hommes tels qu’elle se les représente : « La terreur irradie de l’homme, la terreur illumine son être, la terreur est le but de sa vie. »
Au premier abord, ces deux citations sont effrayantes. Elles expriment pourtant que les féministes considèrent l’homme comme l’ennemi qu’il importe de combattre et de ridiculiser. Arne Hoffmann, défenseur de la virilité masculine, décrivit il y a quelques années la situation actuelle : « Les pères sont les parents pauvres dans les films, objets de risée dans les séries télévisées et en partie aussi dans les publicités. Les scènes des comédies et séries donnent un grand retentissement à des hommes stupides, maladroits, peut-être en un mouvement de soumission vis-à-vis du public féminin. Ce qui est aussi frappant dans les publicités, c’est le traitement plutôt brutal subi par les hommes – ils sont piétinés par le taureau, jetés hors de la voiture, doivent manger du fil de fer barbelé, se jettent contre des lampadaires, sont traînés par leurs chiens et enfin balayés à l’aide d’un torchon de cuisine. Une telle manière de traiter les femmes serait impensable. »
Combien de temps cela continuera-t-il ?
Plusieurs signes laissent entrevoir l’arrivée d’un tournant dans les prochaines décennies.
Lors du 70e Festival du film de Locarno2, l’on put « étonnamment voir beaucoup de films qui abordaient les images de l’homme et des hommes en quête de leur identité », écrit Markus Tischer3. N’est-ce pas l’expression d’une grande insécurité ? Dans ces films, la virilité est définie par le physique et la force : plus il y a de muscles, plus on est homme.
Un vrai renouvellement de la virilité ne se trouve pourtant pas dans les salles de fitness. Je trouve la solution proposée par les cercles évangéliques bien meilleure. Lors de sessions appelées ’’week-ends de personnalité’’4 des hommes parcourent par petits groupes une région hostile et sauvage. L’aventure dure 72 heures. Dans chaque groupe, les hommes reçoivent des missions qui mettent à l’épreuve leur ingéniosité, leur courage, leur esprit d’équipe, leur endurance et leur caractère. Un sens spirituel est ajouté à ces défis physiques. L’un ou l’autre participant a passé durant un tel week-end du stade d’adolescent à celui d’homme.
Un vrai renouvellement n’existe qu’à l’aide de la grâce.
J’observe ce phénomène dans le district de Suisse : depuis un an de jeunes hommes originaires de Croatie tiennent à Oensingen des réunions de prière et de formation. Depuis peu, un cercle de prière pour hommes a été créé dans la région de Goldau. Un second va être fondé près de Lucerne. Indépendamment de cela, un groupe semblable se développe à Wil. Ces fondations ne sont-elles pas des réactions (inconscientes) à ce qui est décrit ci-dessus ? Les hommes impliqués ne sentent-ils pas intuitivement que quelque chose doit se passer ? Ne serait-ce pas, dans ces cercles qui se réunissent dans la prière, l’étude et l’apostolat, le commencement du renouveau de la société ?
J’encourage ces groupes à se donner un idéal élevé et à le poursuivre.
Seigneur, donnez encore à notre pays des hommes comme saint Nicolas de Flüe, Nicolas Wolf de Rippertschwand et Joseph Leu d’Ebersol !
Seigneur, donnez-nous des pères catholiques qui feront de leurs fils de vrais hommes, des personnalités chrétiennes, et les élèveront dans un esprit chevaleresque à l’égard de l’autre sexe.
Abbé Pascal Schreiber
Extrait du bulletin Le Rocher c'est le Christ n° 109 – octobre - novembre 2017
- 1Traduction littérale du titre complet du livre : "Cela a commencé par des jumeaux, récits d’une sage-femme", Weißen Kreuzes Verlag, 1988.
- 2Du 2 au 12 août 2017.
- 3www.srf.ch/kultur – 09/08/2017.
- 4“Charakterwochenenden”. – « Au travers des “week-ends caractère”, le mouvement des Mousquetaires propose aux hommes une nouvelle manière, unique en son genre, de rencontrer Dieu. Au milieu de paysages sauvages à couper le souffle, (les hauts plateaux écossais au printemps ou les montages tessinoises en automne), par groupe de 8-10 personnes, les hommes se mettent en route pour un voyage à la recherche de leur propre identité et de Dieu. Ils expérimentent de manière tout à fait nouvelle ce qu’est la vraie masculinité, reçoivent des messages d’encouragement courts et percutants tirés de la Bible et mettent en pratique ce que veut dire “avoir du caractère” ». Cf. http://der4temusketier.ch/fr/week-ends-caractere