Lettre circulaire aux fidèles de Suisse

« Homme et femme Il les créa »

Bien chers fidèles,

Il y a 500 ans, Martin Luther niait la sacramentalité du mariage et le décrivait comme une « chose purement profane ». Au XIXe siècle, l’État institua le mariage civil qui permet le divorce. L’“amour libre” fut propagé dans les années 1960 et, peu après, les moyens contraceptifs. Durant les 20 dernières années le lobby des homosexuels s’est renforcé et a fait passer de nombreuses lois qui mettent de plus en plus sur le même pied cette union contre nature et le mariage institué par Dieu. Le pape lui-même, avec “Amoris Lætitia”, en vient à affaiblir la doctrine séculaire, intangible et venant de Dieu.

Ce ne sont que quelques points qui montrent combien la société s’éloigne toujours plus de l’ordre établi par Dieu. Je ne vais pourtant pas me lamenter ici mais vous remettre en mémoire, chers fidèles, en peu de phrases, les enseignements principaux de l’Église catholique sur le sacrement de mariage. La claire proclamation de la vérité est une œuvre de miséricorde et de charité, et elle renforce notre foi dans la confusion actuelle. Nous obéissons au commandement solennel du Sauveur : « Allez donc et faites de tous les peuples des disciples (…) et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé »1.

Le mariage est un contrat entre un homme et une femme auquel seule la mort d’un des époux mettra fin. « Homme et femme Il les créa », dit l’Ecriture Sainte2. Ce contrat de mariage entre baptisés a été élevé par Notre-Seigneur Jésus-Christ à la dignité d’un des sept sacrements. Du fait que le contrat de mariage en soi est déjà le sacrement, il s’ensuit qu’entre baptisés il ne peut y avoir de contrat de mariage valide qui ne soit en même temps sacrement.

Le sacrement de mariage produit une augmentation unique de la grâce sanctifiante et donne droit aux grâces actuelles pour accomplir les devoirs du nouvel état au moment voulu.

La fin principale du mariage est la procréation et l’éducation des enfants. Le sens du mariage consiste donc dans la conservation et la propagation du genre humain. Tous et chacun des actes conjugaux doivent de ce fait être ouverts au don de la vie. L’éducation des enfants concerne l’homme tout entier, elle doit être à la fois religieuse, morale, physique et sociale.

En plus de la fin principale, le mariage a deux fins secondaires. La première est l’amour, le soutien, la complémentarité et le perfectionnement mutuels tant sur le plan physique que spirituel. La deuxième fin secondaire du mariage est le remède à la concupiscence.

Le mariage a deux propriétés essentielles, l’unité et l’indissolubilité. Cette unité et cette indissolubilité reçoivent de la sacramentalité du mariage une solidité particulière. Le lien du mariage est établi par Dieu lui-même, de sorte qu’un mariage contracté et consommé entre baptisés ne peut jamais être dissous.

Le contrat de mariage donne aux conjoints des droits et des devoirs. Les deux époux forment ainsi une communauté de vie pleine et entière et s’obligent à la fidélité réciproque dans les bons comme dans les mauvais jours.

Afin qu’un mariage soit contracté, il n’est besoin que du consentement mutuel que deux fiancés dans la pleine possession de leurs droits manifestent d’un commun accord. Le consentement au mariage est cet acte de la volonté par lequel chaque futur conjoint confère à l’autre un droit perpétuel et exclusif sur son propre corps en vue des actes propres à la procréation.

Afin que le mariage d’un catholique soit conclu validement, il est encore nécessaire qu’il soit contracté devant au moins deux témoins et devant son propre curé ou un prêtre délégué spécifiquement dans ce but.

Toute forme de vie commune en tant que mari et femme en dehors d’un mariage valide contredit de manière grave la volonté de Dieu telle qu’exprimée dans ses saints commandements. Les unions irrégulières de catholiques, qui vivent ensemble sans être mariés religieusement, ou sont divorcés selon le droit civil et “remariés”, contredisent radicalement le mariage chrétien. C’est une manière de vivre coupable et une occasion continuelle de péchés graves. C’est pourquoi l’Église ne peut jamais y donner son approbation.

La consécration définitive de l’homme à Dieu par une vie de chasteté est supérieure au mariage car il s’agit d’une sorte de mariage spirituel, dans lequel l’âme épouse le Christ. La sainte virginité nous a été conseillée par notre divin Sauveur et par saint Paul comme un état de vie complémentaire au mariage, mais en même temps objectivement plus parfait. Voilà les points les plus importants de la doctrine catholique sur le sacrement de mariage. Beaucoup de gens ont du mal avec elle aujourd’hui, parce qu’elle n’est pas facile à vivre dans la pratique. Mais nous avons la grâce de Dieu. Avec l’aide de Dieu, même le difficile est possible. Ou comme saint Augustin l’a dit autrefois : « Si d’autres y sont arrivés, pourquoi pas moi ? »

Abbé Pascal Schreiber

Extrait du bulletin Le Rocher c'est le Christ n° 105 – février - mars 2017

  • 1Mtt. XXVIII, 19-20.
  • 2Gen I, 27.