Oecuménisme : une atteinte à l'unité de l'Église

Article du « Courrier de Rome » N° 285 - Septembre 1988

Puisque l'unité de foi est « fondement nécessaire » de l'« harmonie des volontés » et de la « concordance des actions » (56), bref, de toute unité dans l'Église, il s'ensuit que chaque fois que la hiérarchie réclame une « unité de communion » ou de « gouvernement » en opposition plus ou moins grave avec l'« unité de foi », elle attente à l'unité de l'Église.

Léon XIII en donnait l'avertissement, dès 1899, dans Testem benevolentice :

« Ils (les évêques américanistes) soutiennent en effet qu'il est opportun, pour gagner les cœurs des égarés, de taire certains points de doctrine comme étant de moindre importance, ou de les atténuer au point de ne plus leur laisser le sens auquel l'Église s'est toujours tenue. Il n'est pas besoin de longs discours pour montrer combien est condamnable la tendance de cette conception... Il ne faut pas croire non plus qu'il n'y ait aucune faute dans ce silence dont on veut couvrir certains principes de la doctrine catholique pour les envelopper dans l'obscurité de l'oubli. Car toutes ces vérités qui forment l'ensemble de la doctrine chrétienne n'ont qu'un seul Auteur et Docteur...

Qu'on se garde donc de rien retrancher de la doctrine reçue de Dieu ou d'en rien omettre, pour quelque motif que ce soit ; car celui qui le ferait tendrait plutôt à séparer les catholiques de l'Église qu'à ramener à l'Église ceux qui en sont séparés. Qu'ils reviennent, rien, certes, ne Nous tient plus à cœur ; qu'ils reviennent, tous ceux qui errent loin du bercail du Christ, mais non par une autre voie que celle que le Christ a lui-même montrée. »

Tout commentaire est superflu. Léon XIII avertit ici clairement que l'oecuménisme irénique attente à la pureté et à l'intégrité de la Foi et, par là-même, à l'unité de communion dans l'Église. Nul besoin de démontrer que c'est justement cet oecuménisme-là qui est prôné depuis Vatican II et que continuer sur le chemin « irréversible » de cet oecuménisme équivaut à continuer de compromettre l'intégrité et la pureté de la Foi, ce qu'illustre parfaitement l'initiative d'Assise, et donc à déchirer l'unité dans l'Église.

Relevons encore que Léon XIII dit « tendrait à séparer les catholiques de l'Église », parce que, de fait, personne ne peut séparer le catholique de l'Église si lui-même ne s'en sépare pas coupablement : la séparation motivée temporaire d'avec les orientations de la hiérarchie n'équivaut en effet pas à se séparer de l'Église. Au contraire. Le Dictionnaire de Théologie catholique écrit : « Les théologiens médiévaux, ceux des XIVe, XV€ et XVIe siècles du moins, ont le souci de noter que le schisme est une séparation illégitime (en italique dans le texte) de l'unité de l'Église, car, disent-ils, il pourrait y avoir une séparation légitime, comme si quelqu'un refusait l'obéissance au Pape celui-ci lui commandant une chose mauvaise ou indue (Turrecremata : Summa de Ecclesia). La considération peut paraître superflue (elle ne l'est pas aujourd'hui) et l'on peut penser que, comme dans le cas de l'excommunication injuste, il y aurait là une séparation de l'unité purement extérieure et putative (57). »

Suite de l'étude


(56)     Satis cognitum.

(57)     Dictionnaire de Théologie catholique, sous schisme, t. XXVII, col. 1302.


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