Septembre 2024 - Mot du supérieur

Source: District de Suisse

L’actualité de cet été fut marquée bien évidemment par les jeux olympiques de Paris. Même si les exploits sportifs sont toujours enthousiasmants, comment ne pas déplorer amèrement tous les travers qu’apportent ces grands rassemblements sportifs, à commencer par les scènes blasphématoires qui ont eu lieu lors de la cérémonie d’ouverture. 

C’est une chose de subir quelques énergumènes qui se moquent de notre Créateur et Sauveur, une autre de les voir mis au piédestal lors d’une manifestation mondiale : c’en était trop ! Heureusement les réactions et les surtout les réparations n’ont pas manqué et c’est fort encourageant.

L’esprit de ces jeux olympiques est malheureusement conforme à notre temps : l’esprit du monde et l’esprit du prince de ce monde. Pourtant, on aimerait tout de même rappeler que l’esprit olympique n’avait pas du tout commencé ainsi. Pierre de Coubertin, l’homme à l’origine du renouveau des jeux olympiques à la fin du 19ème siècle, s’était beaucoup inspiré de l’un de ses amis, prêtre dominicain, le père Henri Didon. Ce dernier, grand éducateur et grand pédagogue, avait donné à l’école qu’il dirigeait cette devise latine : « citius, altius, fortius », ce qui veut dire : « plus vite, plus haut, plus fort ». Cette devise fut reprise à son compte par Pierre de Coubertin et elle est encore de nos jours la devise olympique.

Pour ce père dominicain, tous les aspects de l’être humain sont à développer. C’est qu’il résume dans sa célèbre formule. Le père Henri Didon expliquait ainsi que « citius » se rapporte à l’esprit, aux études ; « altius » à l’élévation de l’âme, en chemin vers Dieu et « fortius » est lié au domaine du corps, façonné entre autres par le sport.

Evidemment aujourd’hui, la devise est souvent réduite aux performances corporelles, parfois au développement de l’esprit, mais bien trop rarement à l’élévation de l’âme. Inutile d’en vouloir à ces sportifs qui sacrifient beaucoup pour gagner une médaille, mais on ne peut que regretter la mise en avant de l’aspect le moins important et trop souvent au détriment des autres. « Le monde moderne est rempli d’anciennes vertus chrétiennes devenue folles » disait Chesterton et c’est bien dommage que « plus vite, plus haut, plus fort » soit devenu tout simplement une question de secondes ou de centimètres !

Mais il y a bien quelque chose de nous devrions retenir pour prendre part au véritable esprit olympique, si on ose l’appeler ainsi, c’est cet équilibre que nous propose le père Didon : à nous d’essayer de le réaliser. D’ailleurs, cette comparaison olympique est très pertinente, car saint Paul lui-même compare la vie chrétienne à une course que nous réalisons pour « remporter le prix » qui est « une couronne impérissable » (I Corinthiens 9, 24-27). Dans sa seconde épître à Timothée, il poursuit : « L’athlète n’est pas couronné s’il n’a pas lutté en respectant les règles » (2, 5). Il emploie également une analogie avec l’athlétisme un peu plus loin : « J’ai combattu le bon combat, j’ai terminé la course, j’ai gardé la foi » (4, 7).

Fort du soutien olympique de saint Paul, revenons à la devise du père Didon : « citius, altius, fortius » et voyons comment faire « plus vite, plus haut et plus fort » !

« Fortius », plus fort : c’est évidemment la mise en avant de la vertu de force. Si le chrétien craint la fougue de ses passions comme conséquence du péché originel, il ne méprise en rien le corps qu’il a reçu de Dieu. L’usage de notre corps ne doit se faire qu’au service de notre âme, il est un moyen au service du tout qu’est l’être humain. Un moyen qu’il faut développer, soigner et maîtriser. Dans l’effort, les sacrifices et l’abnégation, on a de magnifiques exemples de ces sportifs de haut niveau ! Mais il reste la question fondamentale : dans quel but ? Comme le dit si bien saint Paul : « Quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien ! ».

« Citius » se rapporte à l’esprit et on pourrait le traduire par l’empressement à tirer le maximum des qualités intellectuelles que le Bon Dieu nous a données. Il y a évidemment des personnes qui ont plus de capacités que d’autres, ce n’est pas la question, mais nous pouvons tous développer les qualités que nous avons reçues pour approfondir nos connaissances. Un travail régulier de lecture et de réflexion par exemple assouplira et fortifiera notre esprit. Ainsi « plus vite » signifiera faire plus facilement, plus aisément appel aux qualités de notre raison. Quelle nécessité, surtout aujourd’hui, d’apprendre à bien penser, à bien réfléchir et à bien juger !

Enfin « Altius », l’élévation de l’âme. Toutes ces facultés corporelles et spirituelles bien utilisées, cet esprit dans ce corps sain, c’est pour la gloire de Dieu et le salut de notre âme. A quoi sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? … A quoi bon toutes les médailles et les honneurs, si l’on échoue à la seule course qui vaille la peine ? Plus haut, il nous faut regarder plus haut ! Comme nous le disons si bien dans le dialogue de la préface : sursum corda, hauts les cœurs !

Bien chers fidèles, faisons retrouver à cette devise olympique son origine et toute sa valeur ! A l’exemple de Marie qui fut forte et se tint debout au pied de la Croix, prompte à saisir les plus grands mystères et à donner son fiat, enfin couronnée au plus haut des cieux ! Soyons aussi plus forts dans la foi, plus prompts dans l’espérance et plus élevés dans la charité !

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