Octobre 2024 - Mot du supérieur
Chers fidèles,
Le mois d’octobre nous conduit forcément à méditer et à approfondir la belle dévotion du rosaire : c’est toujours avec joie et reconnaissance filiale que nous honorons par cette prière notre bonne Mère du Ciel ! Evidemment, la faiblesse de notre nature fait que nous sommes assez souvent distraits en égrenant les Je vous salue. Mais le début de ce mois d’octobre redonne de l’entrain et de la couleur à cette dévotion si importante et nous encourage à reprendre avec courage et enthousiasme notre chapelet.
Au-delà de l’apport personnel pour notre sanctification, les exemples de l’histoire ne manquent pas de souligner la force de cette prière, d’apparence si simple, et pourtant si efficace et parfois même miraculeuse !
Depuis la bataille de Lépante, en passant par l’Autriche ou encore l’Amérique du Sud, que de victoires éclatantes et inespérées ont été obtenues grâce à la prière du chapelet ! Même dans l’histoire toute récente de notre Fraternité, il faut avouer que plusieurs reconnaissances officielles du combat de la Tradition à Rome, à commencer par la sainte messe, ont été obtenues par les nombreuses croisades de rosaires faites avec générosité.
Après une pause bien compréhensible de quelques années (une pause non pas de la prière du chapelet, mais une pause de l’organisation d’une croisade), je souhaiterais volontiers remettre cette prière en honneur en Suisse, l’espace de quelques mois, neuf pour être plus précis, et vous proposer une croisade du rosaire à l’intention des vocations de notre district.
Pourquoi focaliser ainsi une croisade de prières sur les vocations ? La réponse est très simple : c’est la nécessité la plus urgente et la plus impérieuse. Les années passent et nous voyons avec inquiétude et angoisse que les vocations restent bien trop faibles. Certes, on pourrait dire qu’il n’y a là rien de neuf puisque Notre-Seigneur lui-même disait que la moisson est grande et les ouvriers peu nombreux…. Mais la solution que nous donne directement l’Evangile reste la même : « Priez le Maître de la moisson pour qu’il envoie des ouvriers à la moisson ! » Nous en avons tant besoin !
Pourquoi neuf mois (d’octobre 2024 à juin 2025) ? Tout simplement parce c’est le temps qu’il faut à un être humain pour passer de la conception à sa venue au monde, et c’est probablement le temps minimum qu’il faut pour qu’une vocation puisse éclore. Il faut du temps pour s’interroger, prendre conseil, et surtout se décider… Combien nous souhaiterions par cette croisade toucher le cœur de ceux que le Maître appelle à sa moisson, afin qu’avec générosité ils puissent répondre à l’appel et sentir la force et l’appui de cette prière !
Lancer une telle croisade du rosaire peut évidemment faire surgir des questions, même si – et tout le monde sera d’accord – la prière ne fait jamais de mal. Mais est-ce vraiment la solution à ce manque de vocations, est-ce véritablement judicieux ? Il y aurait évidemment quelques arguments contraires qui pourraient paraître légitimes. Alors permettez-moi de les énumérer rapidement et d’essayer d’y répondre.
Le premier argument qui pourrait venir à l’esprit est que c’est facile de prier, que ce pourrait être une manière de se dédouaner de tout le travail qui permet à une vocation de mûrir. On prie et les vocations tombent du ciel ! Ce serait mal comprendre le sens de la prière, car c’est en premier lieu un commandement du Seigneur : « Priez !», et dont l’objet est bien ciblé : « pour que le Maître envoie des ouvriers. » En plus de cela, la prière, loin de se substituer aux efforts nécessaires pour l’éclosion des vocations, va les seconder. Une vocation c’est d’abord un appel personnel, une grâce sublime que donne le Seigneur. Et la grâce, il faut la demander : c’est le devoir des parents pour leurs enfants, puis des jeunes eux-mêmes lorsqu’ils sont en âge de choisir un état de vie. De plus, la prière vient soutenir les parents dans leur œuvre d’éducateurs, les prêtres dans leur mission d’autres Christs, et ces exemples, petit à petit permettent à un jeune de comprendre le sens du sacrifice, de l’effort, du don. Il se dit que la vocation est un privilège, même s’il faut accepter la croix qui y est souvent liée. L’enthousiasme d’une lecture, d’un passage de l’Evangile va grandir dans son cœur jusqu’à la décision de se donner. Sans qu’il le sache, la prière l’aura aidé à se décider prudemment, mais fermement. Mais elle ne se sera en rien substituée à son jugement de prudence. Elle lui aura donné de vaincre les hésitations, les embûches du chemin, les découragements peut-être.
Un second argument qui pourrait trouver une telle croisade inappropriée, c’est l’aspect comptable. Il faut marquer dans des colonnes le nombre de chapelets ou de dizaines voire de rosaires récités. N’est-ce pas un peu mesquin ? Pas du tout ! Les feuilles que nous vous transmettrons tous les trois mois au cours de cette croisade vous servent à vous, pour vous aider dans votre générosité au long de ces neuf mois. C’est un support matériel, une sorte de rappel à la persévérance de votre prière. Il ne s’agit ni de compétition, ni d’exploit. Il s’agit de la générosité dans la prière pour les vocations. Certes nous les recueillerons dans nos chapelles, mais pour en faire un bouquet que nous offrirons au Maître de la moisson par la très Sainte Vierge Marie. Elle est la mère des vocations et nul doute qu’elle garantira leur relève en réponse à notre générosité.
Un dernier argument que l’on pourrait évoquer est la pression que les jeunes pourraient ressentir en voyant ce sujet à nouveau sur le devant de la scène. C’est tout à fait possible et il serait bien malheureux si cela devait arriver pour l’un ou l’autre. Mais la vocation n’est pas un virus qui s’attrape ! Elle est l’incroyable invitation que le Christ fait à une jeune âme pour venir travailler avec lui pour le salut des âmes. Et on ne le répétera jamais assez : elle est un choix totalement libre.
Après ces quelques arguments qui semblent s’opposer à une croisade de prière, il convient d’aborder rapidement un obstacle que rencontrent les vocations de nos jours. Il est devenu quasiment omniprésent : l’indécision. On croise régulièrement des jeunes motivés et qui ont vraiment toutes les qualités pour répondre à un appel de Dieu. Mais on sent cette angoisse de ne pas avoir de certitude absolue de l’appel en même temps que la crainte de s’abandonner totalement à Dieu. C’est pourquoi nous espérons que notre croisade de prières sera le coup de pouce qui donnera la force d’essayer, avec prudence et fermeté, cette douce « folie » de se donner à Dieu.
Chers fidèles, je compte sur votre enthousiasme et votre générosité pour cette croisade du Rosaire. Quelle belle image de voir notre cher district sous la direction de notre belle mère du Ciel, celle qui s’avance comme « l’aurore, belle comme la lune, éclatante comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille » !
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Abbé Thibaud Favre
Prieuré Saint Nicolas de Flüe
Solothurnerstrasse 11
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