Mars 2025 - Mot du supérieur

Source: District de Suisse

En ce début du mois de mars nous entrons dans le Carême et il faut bien avouer que c’est une période qui nous fait un peu peur !  Sa seule évocation nous donne l’envie d’en finir au plus vite avec cette quarantaine pour profiter pleinement de la joie de la Résurrection. C’est un sentiment bien humain !

Pourtant, lorsque des personnes qui ignorent tout de la foi catholique nous demandent ce qu’il y a de si exigeant à faire le Carême, il ne nous est pas simple de bien l’expliquer. Nous précisons qu’il s’agit d’un temps de pénitence, que les adultes sont obligés de jeûner deux jours, au début, le mercredi des Cendres et à la fin, le Vendredi saint. Mais que tout le reste n’est pas strictement obligatoire et est laissé à notre propre générosité. Quand on a dit cela… on s’aperçoit finalement que ce n’est pas si terrible !

Peut-être avons-nous même comparé le Carême au ramadan en mettant en avant le fait que l’islam demande un jeûne absolu dans la journée pendant un mois, mais que, une fois le temps du jeûne passé, on peut manger normalement et amplement, ce qui paraît tout de même un peu hypocrite... Et pourtant, au fond de nous-mêmes, nous nous sommes probablement demandé si nous serions capables de nous priver de nourriture et de boisson toute la journée, un mois durant, même en nous rattrapant dès que tombe la lumière du jour.

On pourra rétorquer que c’est l’esprit qui compte, et non une observation littérale d’un jeûne prescrit par de minutieuses législations. Oui, bien sûr, c’est l’esprit qui vivifie, mais l’excès inverse peut nous guetter. On se contentera d’observer l’esprit du Carême au risque de voir toute œuvre de pénitence disparaître, et l’on passerait au travers du temps de Carême. Alors permettez-moi de vous donner trois petits conseils pour faire de ce temps de pénitence une véritable, et nécessaire transformation spirituelle.

Tout d’abord, pour bien entrer dans le Carême et bien le faire, il faut être convaincu de la nécessité et des bienfaits de ce temps de pénitence. Une simple comparaison avec le monde de la santé nous permettra de le comprendre : si nous doutons de l’efficacité d’un traitement médical, il est évident que son succès ne sera pas le même que si nous sommes intimement convaincus de son utilité. Il en est un peu de même pour le Carême : son succès dépend en grande partie de notre conviction à nous donner pleinement et généreusement.

Mais en fait quel est ce succès ? Trouver, retrouver Dieu et le mettre au centre, au cœur de nos vies ! Le matérialisme dans lequel nous vivons en occident rend plus nécessaire que jamais un temps fort, au cours duquel nous remettons chaque chose à sa place. Pour y arriver, il faut que nous ressentions le besoin de Dieu, de sa présence dans nos vies. Mais la facilité, le confort matériel omniprésents nous le font oublier si facilement ! Il faut donc prendre quelques résolutions bien concrètes pour nous rendre compte de nos dépendances réelles et en sortir : ce peut être la gourmandise : on grignote entre les repas ; l’usage du smartphone : on y perd des heures par jour ; ou dans un autre domaine, le manque de générosité dans notre devoir d’état : on repousse au lendemain ce qui nous pèse ; ou encore la pratique de la charité : savoir ne pas critiquer, sourire aux difficultés, nous taire plutôt que rétorquer !

Il y a beaucoup de possibilités de faire un bon Carême de manière simple, mais décidée. Nous vivons dans un monde qui nous sollicite par tant de futilités. Sachons les discerner, être conscients de ces dangers, et surtout y remédier sans nous décourager trop vite.

Et ce travail, lorsqu’il progresse, libère notre cœur et le rend capable de découvrir la vraie valeur des choses. Il nous fait réaliser où sont les vrais biens, il nous montre les bienfaits de la vie de prière. Et c’est aussi et surtout cela le Carême : un temps de pénitence oui, mais dont le but est de nous rapprocher de Dieu, d’établir une vie spirituelle digne de ce nom. C’est le côté positif de la sainte quarantaine. Toute la liturgie y conduit. Il faut donc nous approprier ces trésors de spiritualité. Pensons en particulier à la prière méditée, celle qui nous invite à un véritable cœur à cœur personnel avec Dieu. On peut aisément la faire en lisant un texte, lentement, en nous arrêtant comme la Vierge Marie qui gardait les paroles de Jésus dans son cœur et les méditait. Cette méditation doit être un objectif de notre vie intérieure. Nous devrions avoir le désir de partager ces moments d’intimité avec notre Créateur et Sauveur. Il nous a tant aimé ! Et le Carême culmine par la Semaine Sainte où le cœur transpercé du Sauveur nous fait découvrir son amour infini.

Enfin, dernier conseil après l’encouragement aux œuvres de pénitence et l’aspiration à la vie de prière : n’oublions pas ce que les saints n’ont cessé de répéter : pour nous sanctifier, il faut le vouloir, le vouloir encore, toujours le vouloir. C’est la recette du succès, même et surtout dans la vie spirituelle : la constance et la fidélité. Et c’est ce qui fera de notre Carême un saint Carême : être convaincus encore et toujours du bienfait de ces œuvres à la fois bien concrètes de pénitence, et bien spirituelles, de prière. Si nous avons cette conviction et cette persuasion, il n’y a aucun doute que le Bon Dieu nous aidera.

Pensons, pour terminer, à inclure dans notre effort, non pas comme un poids supplémentaire, mais comme une motivation, la croisade de prière pour les vocations. Les tentations et les dangers évoqués plus haut, sont particuliers présents aux jeunes gens pour les empêcher de répondre à l’appel de Dieu. Que ce temps du Carême soit l’occasion pour eux, comme pour chacun de nous, de faire la volonté de notre Père céleste et devenir des saints. Bon et saint temps de Carême !

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