Mai 2025 - Mot du supérieur

Source: District de Suisse

Le mois de mai est depuis toujours dédié à la Très Sainte Vierge Marie, notre bonne Mère du Ciel. Cette tradition, profondément ancrée dans la piété catholique, nous appelle à renouveler notre amour et notre dévotion envers celle que Dieu a choisie pour être la Mère du Sauveur et notre Mère à chacun de nous.

Si cette dévotion nous semble naturelle et évidente, il est néanmoins essentiel de réfléchir à ses fondements. Car ici, il ne doit pas s’agir d’un élan passager, mais au contraire d’une piété stable et profonde, fondée sur des vérités dogmatiques et spirituelles solides.

Marie est la Mère du Verbe incarné, deuxième Personne de la Sainte Trinité, vrai Dieu et vrai homme. La grandeur de Marie, sa sainteté et son rôle unique dans l’histoire du salut ne proviennent pas de ses mérites personnels, si admirables soient-ils, mais de la volonté divine. En effet, tout ce qu’elle est, elle le reçoit de Dieu. La Sainte Vierge ne fait rien selon ses propres désirs ; tout ce qu’elle accomplit, elle le fait pour le bien de son divin Fils, Jésus-Christ, et pour le salut des âmes, en vue de la gloire de Dieu.

Son « fiat », ce « oui » qu’elle prononce lors de l’Annonciation, est l’exemple parfait de sa disposition totale à accomplir la volonté divine. Ce n’est pas un simple consentement à la maternité du Messie, mais un engagement généreux et total à tout ce que cette mission englobe. Elle accepte pleinement le rôle que Dieu lui confie dans le plan du salut.

Il peut sembler surprenant d’évoquer ici le pape Paul VI, mais ses paroles sont assez éclairantes : « Dans les conditions concrètes de sa vie, Marie a adhéré totalement à la volonté de Dieu, elle a accueilli la parole et l’a mise en pratique, elle a été inspirée dans son action par la charité et l’esprit de service : en résumé, elle fut la première et la plus parfaite disciple du Christ. Tout cela a une valeur exemplaire universelle et permanente. » (Marialis Cultus, 1974).

Une citation qui peut paraître étonnante, car le pape insiste sur la dépendance de Notre-Dame envers la Révélation, alors que, depuis le Concile Vatican II, on observe un glissement dans la manière de présenter la foi et d’en vivre. L’accent a souvent été mis sur le ressenti et l’expérience personnelle, souvent au détriment de l’objectivité de la Révélation. Ce phénomène touche également la dévotion mariale, qui a fini par être adaptée aux goûts ou aux désirs personnels, plutôt que fondée sur la vérité révélée.

Le pape saint Pie X met cette vérité en valeur dans son encyclique mariale : « S’il convient à des fils de ne laisser aucune des vertus de cette Mère très sainte sans l’imiter, toutefois désirons-Nous que les fidèles s’appliquent de préférence aux principales et qui sont comme les nerfs et les jointures de la vie chrétienne : la foi, l’espérance et la charité à l’égard de Dieu et du prochain. Vertus dont la vie de Marie porte, dans toutes ses phases, la rayonnante empreinte, mais qui atteignirent à leur plus haut degré de splendeur dans le temps qu’elle assista son Fils mourant. » (Ad diem illum)

Cette vérité est d’autant plus pertinente dans notre monde contemporain, que tout un chacun cherche à vivre centré sur soi et non sur Dieu, non sur la Croix. Notre fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, exprimait cette idée de manière lumineuse dans son sermon pour les prises de soutane en 1986 : « Il nous faut plus, que jamais, cette union autour de la Croix de Jésus, avec la très Sainte Vierge Marie, professant notre foi, dans la royauté universelle de Notre Seigneur Jésus-Christ. »

Marie est grande, non par elle-même, mais parce qu’elle reçoit tout de Dieu et le donne entièrement. Elle le dit elle-même en répondant à l’Ange : « Je suis la servante du Seigneur. » Cette humilité totale est la clé de sa grandeur et de sa vocation unique.

La conséquence pour nous est limpide : la dévotion mariale ne doit pas être un simple acte extérieur ou sentimental, mais un engagement réel et profond, une réalité quotidienne et ancrée au plus profond de nous. La véritable piété mariale doit être fondée sur la foi et une doctrine solide. Elle ne peut se réduire à des gestes extérieurs ou à des émotions passagères. C’est pourquoi la dévotion mariale doit être le socle de toute notre vie chrétienne, éclairant chacun de nos choix et de nos actions. Elle se manifeste certes par des dévotions et prières simples en apparence, mais c’est justement la vie de notre âme en laquelle se joue toute la destinée de notre vie chrétienne : s’abandonner et laisser toute la place au Bon Dieu.

Il est essentiel d’ailleurs de souligner que la véritable dévotion mariale, loin de nous rendre insensibles à la souffrance ou à la miséricorde, nous y sensibilise au contraire davantage. Elle nous ouvre pleinement à la grâce divine et à la compassion, nous rendant même plus humains, car elle donne un sens profond et véritable à notre existence terrestre.

Sur cette base solide, l’attitude mariale s’étend à toute notre vie. Elle ne cherche pas à suivre notre volonté propre ni à rechercher notre gloire, mais celle de Dieu. Une véritable vie mariale n’est, en fin de compte, que la mise en pratique d’une vie chrétienne authentique.

Que ce mois de mai nous inspire une dévotion mariale profonde et véritable, nourrie par une foi vive. Que, par cette croisade de dévotion, nous puissions grandir dans l'amour du Christ et de sa Mère, et ainsi accomplir sa volonté sur terre. La prière, surtout le Rosaire, est notre arme la plus puissante pour affronter les crises spirituelles que nous traversons. Puissions-nous continuer notre croisade du rosaire avec générosité et enthousiasme, afin d’obtenir de saintes et nombreuses vocations !

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