Le referendum contre le “mariage civil pour tous”
La Fraternité Saint-Pie X encourage le référendum contre le "mariage civil pour tous" adopté en décembre 2020 par le parlement fédéral. Elle se réjouit de voir le soutien que lui apporte le diocèse de Coire.
La famille, et donc le mariage des époux qui veulent construire une famille, est un des fondements de notre société. Au niveau religieux, Jésus-Christ a même établi le mariage comme l’un des sacrements de son Eglise.
Depuis son introduction, à la fin du XVIIIe siècle, le mariage civil est naturellement réservé aux couples formés d’un homme et d’une femme. Cette évidence est contestée aujourd’hui par tous ceux qui trouvent intolérable cette définition traditionnelle du mariage. A tout prix, ils veulent placer sur un pied d’égalité le mariage avec n’importe quelle forme de cohabitation. Ils veulent l’absolue égalité du mariage avec un partenariat homosexuel, et exigent que l’adoption d’enfants puisse être faite par des couples homosexuels ou par des dites familles monoparentales.
Les partisans du projet “mariage civil pour tous” cherchent depuis des années à miner cette institution. Ils ont pratiqué la « tactique du salami » : leur but est de permettre aux couples lesbiens d’accéder aux techniques de la procréation médicalement assistée (PMA), par exemple en permettant à des couples mariés lesbiens de recevoir un don de sperme 1 .
Le “oui” des Eglises protestantes
En juin 2019, à Winterthour, l’Assemblée des délégués de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) approuve la proposition de son Conseil : « Nous sommes voulus par Dieu tels que nous sommes créés ; nous ne pouvons pas choisir notre orientation sexuelle ; nous l’intégrons comme une expression de notre plénitude de créature. » S’appuyant sur cette position, le Conseil de la FEPS décide alors, en août 2019, de soutenir l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe. En novembre 2019, la FEPS réunie en Assemblée des délégués, dit “oui” à une large majorité (49 voix contre 11) à l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe et recommande à ses Eglises membres d’adopter l’éventuelle modification de la définition du mariage au plan civil, comme prérequis au mariage religieux. 2
Le samedi 22 août 2020, à Zurich, les participants au Synode extraordinaire de l’Eglise catholique-chrétienne 3 de Suisse décident, à une grande majorité, que les partenariats de même sexe seront célébrés « liturgiquement et compris théologiquement de manière identique aux partenariats de sexe différent ». Pour les synodaux, il ne s’agissait donc pas de la question de savoir si l’homosexualité était acceptable en général dans l’Eglise « vieille-catholique » ou si la bénédiction de partenariats de même sexe était possible. L’Eglise s’était déjà prononcée en 2002-2004 de manière positive sur ces deux questions et un rite de bénédiction est en usage depuis. 4
Le “oui” des chambres fédérales
La Constitution fédérale reconnaît le droit fondamental au mariage. Quant à savoir ce qu’il faut comprendre par le terme “mariage”, les juristes sont partagés. Si l’on se base sur la conception qui prévalait au sein de la population au moment où cette disposition de la Constitution fut introduite, il est évident qu’il s’agit du mariage hétérosexuel.
« Si les partisans du “mariage pour tous” se mobilisent en faveur d’une simple modification de la loi 5 , c’est moins pour des raisons juridiques que pour des motifs purement politiques. » 6 Ils ont voulu absolument éviter une modification de la Constitution 7 , « pour ne pas prétériter leur cause ».
C’est ainsi que, après le Conseil national, le Conseil des Etats a approuvé, le 1er décembre 2020, la réforme du projet de “mariage pour tous” dans sa version la plus extensive, qui inclut le don de sperme pour les couples lesbiens.
Le “non” des catholiques et des politiques UDC et UDF
Dans un communiqué du 4 décembre 2020, la Conférence des évêques suisses (CES) dit qu’il est impossible d’aborder le débat du “mariage pour tous” en éludant les conséquences que sont la filiation et l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA). Ces deux aspects posent des questions délicates et complexes du point de vue éthique : « Le fait de ne pas en évoquer les conséquences pour promouvoir aujourd’hui plus facilement l’égalité, sans différencier entre couples hétérosexuels et homosexuels, peut induire demain l’acceptation inconditionnelle d’un principe déjà accepté. »
Consciente de ces graves enjeux éthiques, la CES ne peut pas accepter sous cette forme le projet “mariage pour tous”. La CES rappelle que personne ne possède un droit à l’enfant ; en revanche, il existe des droits de l’enfant. En ce sens, le mariage civil ne donne aucun droit à l’enfant, mais il est institué pour protéger les enfants nés de l’union conjugale.
« Dans l’intérêt supérieur de l’enfant et pour son bien, la CES s’oppose de manière générale à l’accès à la PMA (aussi) aux couples de même sexe, en vertu du droit de l’enfant de connaître son ascendance génétique. Elle souligne le risque d’ouverture à la maternité de substitution, interdite à juste titre en Suisse pour des raisons de protection de la mère et de l’enfant. »
Lancé par des membres de l’Union démocratique du Centre (UDC) et de l’Union démocratique fédérale (UDF), le référendum contre le “mariage pour tous” doit recueillir au moins 50’000 signatures certifiées du 31 décembre 2020 au 10 avril 2021. Malheureusement, les mesures corona vont rendre la collecte de signatures très difficile…
Dans un message du 8 janvier 2021, l’administrateur apostolique de l’évêché de Coire, Mgr Pierre Bürcher, avec le soutien du Conseil épiscopal, recommande aux prêtres, diacres, agents pastoraux ou personnel d’Eglise de s’engager en faveur du référendum. Il invite à signer ou à s’inscrire sur le site du comité référendaire. 8
Dans un communiqué du 10 janvier 2021, le Supérieur du district de Suisse de la Fraternité Saint-Pie X « invite vivement les fidèles de Suisse à signer et à faire signer le référendum contre cette loi inique ». « C’est un devoir pour tout chrétien de réagir à cette destruction des bases les plus fondamentales de notre société. »
Abbé Claude Pellouchoud
- 1D’un point de vue légal, l’extension du mariage aux partenaires homosexuels est inutile depuis l’introduction en 2007 du partenariat enregistré en Suisse : deux personnes du même sexe ont la possibilité de légaliser leur communauté de vie semblable au mariage avec les droits et les obligations que cela implique. Leur but est atteint dans la modification actuelle du Code civil : la filiation à l’égard du père est supprimée et remplacée par une filiation à l’égard d’un vague autre parent, qui peut être une seconde femme.
- 2Cath-Info – 05/11/2019.
- 3Appelée aussi « vieille-catholique », elle s’est constituée, entre 1871 et 1876, dans le contexte de la proclamation par le premier concile de Vatican (1870) des deux dogmes de la primauté et de l’infaillibilité du pape, pour échapper à la juridiction papale.
- 4Cath-Info – 23/08/2020.
- 5Modification du Code civil suisse.
- 6Sebastian Frehner, ancien conseiller national, Initiative de protection, actualité, n° 34 – décembre 2020.
- 7Cf. Schweiz am Wochenende – 14/11/2020, p. 10.
- 8https://mariage-pour-tous-non.ch/ Cath-Info – 08/01/2021.