La procédure d’élection du pontife romain

Les cardinaux entrent en conclave (2013)
Comment se déroule l’élection du pape ? Combien de temps peut-elle durer ? Autant de questions auxquelles FSSPX.Actualités se propose de répondre alors que le premier tour de scrutin devrait se tenir dans l’après-midi du 7 mai 2025.
Le scrutin lui-même se divise en trois phases distinctes : le pré-scrutin, le scrutin proprement dit et le post-scrutin. Chacune de ces étapes est encadrée par des rituels précis destinés à préserver l’intégrité du processus. La phase de pré-scrutin pose les fondations du vote.
Les cérémoniaires, assistés du secrétaire du collège des cardinaux et du maître des Célébrations liturgiques pontificales, distribuent à chaque électeur deux ou trois bulletins de vote. Ces bulletins, rectangulaires, portent l’inscription Eligo in Summum Pontificem sur la moitié supérieure, la partie inférieure étant laissée libre pour l’inscription du nom choisi.
La rédaction du vote est un acte secret, accompli dans le silence, avec une écriture délibérément neutre pour éviter toute identification. Tout bulletin comportant plusieurs noms est déclaré nul, garantissant l’unicité du suffrage.
Un tirage au sort public, effectué par le dernier cardinal-diacre, désigne neuf cardinaux : trois scrutateurs, chargés de superviser le dépouillement ; trois infirmarii, responsables de recueillir les votes des cardinaux malades ; et trois réviseurs, qui vérifient le décompte des votes. Si un cardinal tiré au sort est empêché, un autre est désigné à sa place, assurant la continuité du processus.
Avant le vote des cardinaux, tout personnel non-électeur est exclu de la chapelle Sixtine. Le secrétaire, le maître des cérémonies et les cérémoniaires quittent alors les lieux, et le dernier des cardinaux-diacres ferme la porte, symbole de l’isolement du conclave. Cette clôture garantit une confidentialité absolue, condition sine qua non de la liberté des électeurs. La Sixtine et ses environs immédiats sont soumis à un “brouillage”, afin d’éviter toute écoute ou interférence “numérique”.
La phase du scrutin est empreinte de gravité. Chaque cardinal, selon l’ordre de préséance, s’avance vers l’autel où trône une urne couverte d’un plateau. Tenant son bulletin de manière visible, il prononce un serment solennel qui engage sa conscience : « Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu », face à la fresque du Jugement Dernier. Il dépose son bulletin dans l’urne, s’incline devant l’autel et regagne sa place.
La troisième phase, le post-scrutin, commence par le mélange des bulletins dans l’urne, effectué par le premier scrutateur. Le dernier scrutateur compte ensuite les bulletins un à un, les transférant dans un vase vide. Si leur nombre ne correspond pas à celui des électeurs, tous les bulletins sont brûlés, et un nouveau scrutin est organisé. Dans le cas contraire, le dépouillement peut commencer.
Le premier scrutateur déplie un bulletin, note le nom et le passe au deuxième qui vérifie avant de le transmettre au troisième. Ce dernier lit le nom à haute voix à destination des électeurs. Les bulletins sont ensuite enfilés sur un fil. Si deux bulletins pliés ensemble portent le même nom, ils comptent pour un ; s’ils portent des noms différents, ils sont nuls, sans toutefois invalider le scrutin.
Les scrutateurs totalisent les voix, et les réviseurs vérifient les bulletins et les comptes pour garantir leur exactitude. Une majorité des deux tiers est requise pour qu’un cardinal soit élu pape. Si ce seuil n’est pas atteint, le scrutin est sans effet, et les bulletins sont brûlés, souvent avec des substances chimiques produisant une fumée noire visible depuis la Place Saint-Pierre.
Chaque scrutin – il y en a deux par jour, un le matin l’autre l’après-midi – est immédiatement suivi d’un second vote si le premier n’a pas été conclusif. Pour garantir le secret, les notes relatives aux scrutins sont remises au camerlingue et brûlées avec les bulletins. A l’issue du conclave, un rapport officiel, approuvé par les assistants du camerlingue, consigne les résultats de chaque scrutin. Ce document, scellé, est archivé et ne peut être consulté sans l’autorisation expresse du nouveau pape.
Si l’élection s’avère difficile, des pauses d’une journée sont prévues après chaque période de trois jours de scrutins infructueux : elles sont dédiées à la prière, à la réflexion et à des exhortations spirituelles par les cardinaux des différents ordres (diacres, prêtres, évêques).
Après quatre séries de scrutins infructueux (ou 33 scrutins), une procédure exceptionnelle intervient pour limiter le « vote passif » – le droit d’être élu – aux deux candidats ayant obtenu le plus de voix au dernier scrutin, tout en maintenant l’exigence des deux tiers.
Cela ne s’est pas encore présenté dans l’histoire récente des conclaves, car à l’ère numérique où l’information se diffuse presque à la vitesse de la lumière, les cardinaux savent que, plus ils mettront du temps à se mettre d’accord, plus le prochain pontificat sera fragile. Ce dont l’Eglise n’a pas besoin, surtout en ce moment.
Au fait, comment procède-t-on lorsqu’un cardinal a enfin recueilli le nombre nécessaire de suffrages pour monter sur le trône de Pierre ?
(A suivre…)
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(Source : Universi Dominici Gregis – FSSPX.Actualités)
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