Juin 2025 - Mot du supérieur

Source: District de Suisse

Chers fidèles

Au moment où ces lignes sont rédigées, l’Église attend encore dans la prière le nom du nouveau Souverain Pontife. Mais il est bien probable que, lorsque vous lirez ces mots, son nom soit déjà connu !

Quoi qu’il en soit, le rappel à Dieu du pape François constitue un événement d’une portée importante dans l’histoire de l’Église. En tant que successeur de Pierre, le pape est le pasteur universel du peuple chrétien ; son départ pour l’éternité marque une étape majeure dans la vie de l’Église. De même, l’élection de son successeur n’est pas une simple formalité, mais un acte déterminant.

Notre place dans l’Église

Il est souvent dit que la Fraternité Saint-Pie X vit en marge de l’Église. C’est ainsi que l’on nous définit fréquemment. Dès lors, on suppose que les grands événements ecclésiaux ne nous concernent que de manière périphérique, qu’ils nous atteignent seulement indirectement !

Certes, le décès d’un pape et l’élection d’un nouveau ne remettent pas en cause notre existence ni notre façon de penser. Nous continuons le combat de la foi et de la Tradition, fidèlement et paisiblement, et en ce sens, rien ne saurait altérer nos convictions profondes. Mais il serait inexact de croire que ces événements nous laissent indifférents. Tel n’est ni notre état d’esprit, ni notre manière d’être au sein de l’Église.

Nous désirons être au cœur du mystère de l’Église et offrir notre vie pour son service. Toute la mission de la Fraternité s’inscrit dans cette volonté : servir l’Église et lui rester fidèle. Si nous paraissons parfois en marge, c’est bien souvent parce que nous refusons de renier ce que l’Église a toujours cru et pratiqué. Mais notre aspiration demeure ferme : appartenir pleinement à l’Église, l’aimer de tout notre être, et contribuer à la restauration de sa splendeur.

Regards sur un pontificat contrasté

C’est pourquoi les événements qui touchent l’Église universelle nous affectent en profondeur. Le rappel à Dieu du Saint-Père, qui demeure le père spirituel de tous les fidèles, est un moment douloureux. Il l’est d’autant plus lorsque l’on considère les circonstances particulières qui ont marqué son pontificat.

Plusieurs gestes du pape François nous ont profondément troublés, voire scandalisés. D’autres, peut-être, auraient mérité plus d’attention que nous ne leur en avons portée car nous nous sommes habitués à entendre des propos pour le moins étonnants. Les différents synodes que ce soit sur la famille ou celui sur la synodalité en sont de très bons exemples. Le relativisme sur les questions morales nous a enfin profondément affligé.

D’un autre côté, il nous faut aussi reconnaître que certains actes du Saint-Père ont suscité en nous gratitude et édification. Nous pensons notamment à la reconnaissance canonique de la validité des confessions dans la Fraternité, ainsi qu’à la régularisation de nos mariages. On peut aussi mentionner la défense de la vie et la parole fortes contre l’avortement, ou encore la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

La racine de la crise

Cependant, la pensée dominante dans l’Église reste aujourd’hui, indépendamment du pape qui la dirige, marquée par le concile Vatican II, ce que l’on appelle « l’esprit du Concile ». Il ne s’agit pas ici d’étudier en détail tous les textes conciliaires, mais de saisir l’orientation profonde qui a animé cette assemblée : déplacer le centre de gravité de l’Église, de Dieu vers l’homme.

Certes, Dieu n’a pas été formellement écarté, mais une réorientation radicale s’est produite, bouleversant la théologie, la pastorale et la liturgie. Là réside la racine du problème. De cette mutation découlent des erreurs concrètes et persistantes : un œcuménisme relativiste, une liberté religieuse anti-apostolique, un collégialisme destructeur, et des déformations liturgiques récurrentes.

Ce constat, il n’est pas nous, Paul VI lui-même l’avait exprimé. Dans son discours de clôture du Concile (7 décembre 1965), il affirmait : « La religion du Dieu qui s'est fait homme s'est rencontrée avec la religion — car c'en est une — de l'homme qui se fait Dieu. Qu'est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n'a pas eu lieu. La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes pour les hommes l'a envahi tout entier. »

Conserver la vérité, transmettre la foi

Depuis plus d’un demi-siècle, l’Église cherche à dialoguer avec le monde. Alors que pendant ce temps, le monde, lui, s’est encore davantage éloigné de Dieu, s’enfonçant dans le relativisme et le mal. Le paradoxe est tel qu’aujourd’hui, des vérités simplement catholiques paraissent subversives. La défense de la vie humaine, du commencement à sa fin naturelle, en est l’exemple le plus manifeste.

Le fossé entre la vérité révélée et les mentalités modernes est devenu tel que le simple rappel de principes fondamentaux suscite incompréhension ou rejet. Pourtant, la vérité ne se fragmente pas. Elle est une, parce qu’elle procède de Dieu. Et c’est cette vérité que la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X entend servir, transmettre, garder et défendre.

Alors que s’ouvre un nouveau pontificat, la question se pose : quelle direction sera prise ? Nous restons confiants, car l’Église possède les promesses de la vie éternelle. Elle triomphera de la crise, non par des stratégies humaines, mais par la volonté de Dieu.

Une espérance vigilante

Cette espérance, cependant, s’accompagne d’une prudence lucide. Nous savons combien les erreurs ont pénétré l’Église depuis Vatican II. Nombre de dérives doctrinales, pastorales et liturgiques sont encore bien présentes aujourd’hui.

Dès lors, notre engagement est clair : il ne s’agit pas d’un combat subjectif ou marginal, mais d’un devoir impérieux. Celui de faire resplendir la vérité, de rétablir les droits de la Tradition, d’offrir aux fidèles le trésor de la liturgie de toujours et l’enseignement sûr de la doctrine catholique. Car ce n’est pas notre combat, c’est celui de l’Église.

Notre regard vers l’avenir est donc à la fois plein d’espérance et d’exigence. Comme le disait notre fondateur, Monseigneur Marcel Lefebvre : Tradidi quod et accepi — « J’ai transmis ce que j’ai reçu ».

Conclusion

Pour conclure, prions pour que ce mois de juin, consacré au Sacré-Cœur de Jésus, nous fasse entrer plus profondément dans le double mystère de ce Cœur divin : d’une part, l’esprit de sacrifice poussé jusqu’à l’effusion de la dernière goutte de sang pour l’Église ; d’autre part, une charité débordante, prête à tout donner pour le salut des âmes.

Contact

  • Supérieur de district

  • Abbé Thibaud Favre

    Prieuré Saint Nicolas de Flüe

    Solothurnerstrasse 11
    4613 Rickenbach