Homélie du pape Léon XIV pour son intronisation

Source: FSSPX Actualités

Devant un parterre de cardinaux, d’évêques, de prêtres, de représentants de divers pays, ainsi que devant une foule de plus de 200 000 fidèles massés sur la place Saint-Pierre, le nouveau pape Léon XIV a prononcé une homélie attendue, qui sonne un peu comme le programme de son pontificat.

Après un court éloge de son prédécesseur, Léon XIV a présenté le conclave comme l’accord de « différents instruments de musique » vibrant dans une seule mélodie pour « élire le nouveau successeur de Pierre », un pasteur « capable de garder le riche patrimoine de la foi chrétienne et, en même temps, de porter son regard loin, pour aller à la rencontre des questions, des inquiétudes et des défis d’aujourd’hui ».

Le nouveau pontife reconnaît qu’il a été choisi « sans aucun mérite ». Il ajoute immédiatement : « je viens à vous comme un frère qui veut se mettre au service de votre foi et de votre joie, en marchant avec vous sur le chemin de l’amour de Dieu, qui veut nous unir tous en une seule famille ». Et il poursuit : « Amour et unité, telles sont les deux dimensions de la mission confiée à Pierre par Jésus. »

Le Pape poursuit avec l’image des Apôtres envoyés comme « pêcheurs d’hommes » par le Christ pour poursuivre sa mission. « Comment Pierre peut-il accomplir cette tâche ? » se demande-t-il. Et il répond : « parce qu’il a fait l’expérience dans sa propre vie de l’amour infini et inconditionnel de Dieu, même dans les moments d’échec et de reniement ».

Rappelant la scène décrite en Jn 21, 16 : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? », il en tire la conclusion, que Pierre « se voit confier la tâche d’aimer davantage et de donner sa vie pour le troupeau ». Ainsi, « le ministère de Pierre est précisément marqué par cet amour oblatif, car l’Eglise de Rome préside dans la charité, et sa véritable autorité est la charité du Christ ».

Léon XIV continue en notant que « Pierre doit paître le troupeau sans jamais céder à la tentation d’être un chef solitaire ou un chef placé au-dessus des autres, se rendant maître des personnes qui lui sont confiées », faisant référence à 1 Pi 5, 3 : « [Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié,] non en dominateurs des Eglises, mais en devenant les modèles du troupeau. » 

Il cite encore saint Augustin : « L’Eglise est composée de tous ceux qui sont en accord avec leurs frères et qui aiment leur prochain », et résume ainsi le premier axe de la mission dont il se sent investi : « Ceci, mes frères et sœurs, je voudrais que ce soit notre premier grand désir : une Eglise unie, signe d’unité et de communion, qui devienne ferment pour un monde réconcilié. »

Regrettant la discorde, la haine, la violence, les préjugés, la peur de l’autre, il affirme : « nous voulons être, au sein de cette pâte, un petit levain d’unité, de communion, de fraternité. Nous voulons dire au monde : regardez vers le Christ ! (…) Ecoutez sa proposition d’amour pour devenir sa seule famille : “Dans le Christ unique, nous sommes un” ».

Ce chemin vers le Christ, il invite à le parcourir, selon l’esprit œcuménique initié par le Concile Vatican II, « avec les Eglises chrétiennes sœurs, avec ceux qui suivent d’autres chemins religieux, avec ceux qui cultivent l’inquiétude de la recherche de Dieu (…) pour construire un monde nouveau où règne la paix (…), afin que se réalise cette unité qui valorise l’histoire personnelle de chacun et la culture sociale et religieuse de chaque peuple ».

Vient alors la deuxième conclusion : « Frères, sœurs, c’est l’heure de l’amour ! (…) Avec la lumière et la force de l’Esprit-Saint, construisons une Eglise fondée sur l’amour de Dieu et signe d’unité, une Eglise missionnaire, qui ouvre les bras au monde, qui annonce la Parole, qui se laisse interpeller par l’histoire et qui devient levain de concorde pour l’humanité. »

Le programme exposé par le nouveau souverain pontife est ici seulement esquissé, à partir de l’unité et de la charité qui en sont les lignes directrices. Deux éléments essentiels à l’Eglise du Christ. 

Il faut alors espérer que l’unité qui est au fondement de ce programme soit bien l’unité vraie, celle qui est chantée dans le Credo, celle de l’unique foi et de l’unique baptême dans le Christ Jésus, en qui se trouve toute charité et toute paix. Car Dieu, dit saint Paul, « a voulu que toute la plénitude habitât en lui ; et que, par lui, il réconciliât tout avec lui... faisant la paix par le sang de sa croix (Col 1, 19-20). »

Puisse le successeur de Pierre, peu à peu, rappeler toujours plus clairement ce fondement devant toute l’Eglise.