Août 2024 - Mot du supérieur

Source: District de Suisse

En débutant ce mois d’août par notre fête nationale, nous sommes évidemment heureux et fiers de fêter ce beau pays qui est le nôtre ! Dans sa belle prière pour la Suisse, Mgr Marius Besson, évêque de Fribourg jusqu’en 1945, avait ces paroles de reconnaissance : « Ô Dieu qui nous avez donné une patrie incomparable et qui, jusqu'ici, l'avez toujours protégée, continuez à répandre vos abondantes bénédictions sur elle ». Que cette prière soit aussi la nôtre !

Et pourtant, il faut bien l’avouer, notre Suisse moderne nous laisse un peu déboussolés. D’un côté, la Suisse nous l’aimons inconditionnellement, c’est la contrée qui nous a vu naître ou qui nous a adoptés. Elle est la terre de nos pères. Mais d’un autre côté, il est difficile de ne pas constater avec crainte combien ses institutions s’éloignent de la loi divine. Notre saint patron, saint Nicolas de Flüe, avait commencé sa belle prière par ces mots : « Seigneur Dieu, enlevez-moi tout ce qui m’éloigne de Vous ». Cette prière est aujourd’hui bafouée, quasiment réduite à néant par tout ce que font nos autorités ! 

Que dirait aujourd’hui le conseiller fédéral Philipp Etter qui écrivait en 1934, en parlant de la démocratie suisse : « Si tous les hommes de bonne volonté se mettent à l’œuvre, le peuple se laissera certainement gagner à cette entreprise de grande envergure que sera la réforme de notre Etat par l’idéal chrétien. Mais la onzième heure a déjà sonné. N'attendons pas qu'il soit trop tard ! »

Il n’est jamais trop tard pour élever nos regards au plan surnaturel et garder l’espérance… Notre-Seigneur a pleuré sur sa patrie terrestre, il a prié pour elle alors qu’elle s’apprêtait à le condamner à mort quelques jours plus tard. Alors oui, si notre pays nous occasionne bien des tristesses et des regrets, il serait dommage de rester les bras ballants.

Que nous faut-il donc faire face à ce triste constat ? 

En tout premier lieu, ne pas oublier de prier pour notre pays. C’est la patrie que Dieu nous a donnée et sur son drapeau est gravé l’insigne de la Croix. C’est une grande fierté. Il faut donc que l’esprit des croisades qui a mobilisé nos ancêtres nous mobilise nous aussi aujourd’hui ! Relisons à ce propos ce magnifique passage de l’introduction de la grande prière des confédérés que nous récitons chaque année au Flüeli lors de la nuit de prière : « Cette prière s'appelle “la Grande Prière” car elle a déjà été faite en commun dans des moments difficiles pour notre Patrie et pour les nécessités de toute la Chrétienté. Les Pères et les moines l'ont récitée, et depuis des temps immémoriaux, les fidèles l'ont apprise afin que l'Amour de Dieu ne se refroidisse pas dans leurs cœurs ! »

Même si ce n’est pas notre prière de tous les jours, que son esprit du moins nous inspire au quotidien ! Puissions-nous être des âmes de prière pour notre pays et pour ses dirigeants et faire monter nos suffrages et nos demandes auprès de notre Créateur et Sauveur.

La deuxième chose à faire est de nous former pour connaître les erreurs de notre temps et mieux les combattre. Si notre pays va mal, il importe de connaître les maux dont il souffre et l’idéal qui lui fait si cruellement défaut.

La démocratie actuelle se veut totalement libre et indépendante. Elle a évacué Dieu de la sphère publique. Elle ne veut plus de l’enseignement de l’Eglise. Mais elle a pourtant ses dogmes et sa pensée unique : à la création, elle a substitué l’évolution ; le magistère de l’Eglise a été remplacé par le dictat des médias ; la morale des commandements a été détrônée par les droits de l’homme. Ce qui est désormais souvent décrit comme un état de droit, n’est en fait que l’application de ces droits de l’homme, fruits de la Révolution, qui n’est autre que la révolte de l’homme contre son Créateur.

Le simple fait d’énoncer ce constat nous vaut d’être traités par les médias comme des fondamentalistes révolutionnaires. Or c’est exactement le contraire : nous aimons notre pays et nous voulons que ses autorités agissent en vue de son but, le bien commun. Appuyés sur notre foi et sur l’enseignement de l’Eglise, il nous arrive souvent (et même très souvent aujourd’hui) de tolérer le mal pour éviter un mal plus grand. Mais il n’en demeure pas moins que nous cherchons à retrouver l’ordre chrétien pour le salut des âmes de nos concitoyens et pour l’avenir de notre pays. Selon ces mots célèbres du cardinal Pie : « Si le moment n'est pas venu pour Jésus-Christ de régner, alors le moment n'est pas venu pour les gouvernements de durer ». Il faut donc que Jésus règne !

Mgr Lefebvre l’a rappelé à de nombreuses reprises, comme à Lille, le 29 août 1976 : « Le Règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c'est justement le règne de ces principes d'amour que sont les commandements de Dieu et qui mettent de l'équilibre dans la société, qui font régner la justice et la paix dans la société. Ce n'est que dans l'ordre, la justice, la paix dans la société que l'économie peut régner, que l'économie peut refleurir. » 

Le pape Pie XII donnait aux pèlerins suisses venus à Rome pour la canonisation de saint Nicolas de Flüe cet avertissement salutaire : « Vous êtes fiers de votre liberté ! Mais n’oubliez pas que la liberté terrestre ne devient un bien que si elle s’épanouit en une liberté plus haute, si vous êtes libres en Dieu, libres vis-à-vis de vous-mêmes, si vous conservez votre âme libre et ouverte pour recevoir les flots de l’amour et de la grâce de Jésus-Christ, de la vie éternelle qu’il est Lui-même ».

A la prière et à la formation, il ne faut pas oublier d’ajouter l’action, ce sera notre troisième réponse. Même si la situation que nous vivons actuelle est délicate et peu propice, je ne peux que vous encourager, selon vos possibilités à agir pour notre pays.

Mgr Lefebvre avait une expression qui prête à sourire et qu’il a prononcée à Paris lors de son jubilé sacerdotal (23 septembre 1979) : « Ce n’est pas faire de la politique cela, c’est faire de la bonne politique ! »  D’ailleurs Monseigneur ajoutait : « Il s’agit de la politique comme l’ont faite les saints, comme l’ont faite les papes ».

Pour ce dernier point, n’hésitons pas à passer des paroles aux actes. Je ne parle pas uniquement de la politique au sens moderne du terme (même si c’est aussi une façon de le faire), mais de tous les domaines nombreux et variés où l’on peut se mettre au service du bien commun, où on peut servir et redonner à notre pays un visage chrétien, ne serait-ce que dans nos chères familles où doivent régner la grâce, la charité, cette liberté plus haute dont parlait le pape Pie XII.

Toutes ces intentions, le district de Suisse ira les porter aux pieds de notre bonne Mère du ciel ! En ce jour du 1er août, nous irons dans ce sanctuaire si cher à l’histoire de notre congrégation sacerdotale : à Notre-Dame Gardienne de la Foi, nous confierons nos familles, notre pays et notre chère Fraternité !

Contact

  • Supérieur de district

  • Abbé Thibaud Favre

    Prieuré Saint Nicolas de Flüe

    Solothurnerstrasse 11
    4613 Rickenbach