Le 1er août, fête nationale en Suisse
Quelques pensées de Philipp Etter, conseiller fédéral pendant plus de 25 ans et quatre fois président de la Confédération
[[{"fid":"136852","view_mode":"file_styles_main_visual","fields":{"format":"file_styles_main_visual","alignment":"","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false,"field_image_title[de][0][value]":"","field_image_description[de][0][value]":""},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"file_styles_main_visual","alignment":"","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false,"field_image_title[de][0][value]":"","field_image_description[de][0][value]":""}},"link_text":null,"attributes":{"class":"media-element file-file-styles-main-visual","data-delta":"1"}}]]
[Philippe Etter et sa famille, Staatsarchiv de Berne, cotation FN Jost P 365]
Combien différente se présente l’autorité du gouvernement et de toutes les instances hiérarchiques, lorsque, tout en étant déléguée par le peuple, elle tire sa justification interne et essentielle, non pas d’en bas, mais d’en haut, c’est-à-dire de la volonté divine, qui exige l’ordre !
Nous découvrons ainsi la raison profonde et morale qui explique la ruine de l'autorité dans le domaine politique. L'idée d'autorité a été sécularisée ou laïcisée par la démocratie libérale. Elle a voulu en étayer le concept d'éléments purement physiques et pris dans la matière humaine. L’autorité a été ainsi atteinte dans son être intime. La crise de l'autorité est, il n'y a point de doute, beaucoup moins une question de régime ou de forme qu'une question d'idée et de morale. (p.42)
Le concept libéral de liberté et d'égalité souffre du même vice fondamental que le concept libéral de la souveraineté populaire. Comme il a essayé d’affranchir l’Etat de la loi divine et de sa responsabilité devant Dieu, ainsi le libéralisme a voulu émanciper l’individu de ces mêmes réalités supérieures. Sa doctrine proclame que l’individu est son propre maître et n’a de compte à rendre qu’à lui- même, que chacun est absolument libre et ne peut être lié que par la volonté générale, dont il est une composante et qui, elle-même, n'est point liée par des obligations supérieures. (p. 45)
C’est de cette erreur que la démocratie libérale a fait dériver le principe de l’égalité des doctrines. A l'ombre et sous la tutelle des dogmes libéraux de liberté et d'égalité, chaque idée ou théorie doit pouvoir s'épanouir et se propager sans entraves, sans qu'on se mette en peine de savoir si elle sape les bases de l'ordre public ou compromet les biens les plus sacrés du peuple. La liberté et l’égalité existeront même pour ceux qui minent les fondements spirituels de tout ordre et de toute autorité. (p. 46)
Mais l’Etat libéral comme tel n’admet pas de relations officielles avec la religion. C'est ainsi que le libéralisme a inauguré la neutralité politique par rapport à la religion.
Le domaine où cette tendance s’est exercée le plus positivement et le plus fatalement, c'est l'école, le terrain où l'Etat et l'Eglise devraient, au contraire, travailler loyalement la main dans la main. Dans le caractère areligieux de l'éducation de la jeunesse et dans la laïcisation de l'école, l'Etat libéral voyait une des garanties les plus importantes pour sa propre existence et sa durée. Du reste, sa neutralité en matière religieuse a abouti à une négation : aucune affirmation positive, chez lui, d'un principe religieux comme tel.
La laïcisation de la vie publique et l’attitude négative en face de la question religieuse, c’est le péché capital que nous reprochons au libéralisme et à sa démocratie. (pp. 46-47)
En fin de compte, l'autorité est quelque chose de religieux, une question de devoir et de responsabilité, non pas de l’homme à l’égard de ses semblables ou de la société, mais de l’homme à l’égard de l’Eternel, créateur et ordonnateur du monde.
Voilà pourquoi chaque Etat qui laisse saper la foi de son peuple, sape lui-même ses propres fondements, c'est-à-dire l'autorité et l'ordre qui lui sont essentiels.
Par le fait, la restauration de l'idée d'autorité exige, comme condition première et indispensable, que l’éducation forme des générations croyantes. (p. 62)
Quand on s'est rendu compte de cette logique absolue des choses, on comprend le rôle immense que l'Eglise catholique joue dans la restauration, le raffermissement et le maintien du principe d'autorité.
L’Eglise catholique est elle-même l’incarnation la plus grandiose, en même temps que la plus pure et la plus élevée, de l’idée d’autorité. Nulle part nous ne trouvons une réalisation plus authentique et plus intégrale d'une société régie par ce principe d'ordre. Et la puissance de son organisation, sur le plan de l'autorité, nous apparaît le plus clairement dans la merveilleuse structure de la hiérarchie ecclésiastique. (p. 62
Le matérialisme, nous ne pourrons le vaincre et le bannir des âmes que si nous orientons de nouveau la vie privée et publique vers sa fin et son idéal supérieur. La démocratie, pour être saine et viable, présuppose comme condition essentielle que le peuple soit croyant, religieux. (p. 78)
Il faut redonner à l’école et à tout l'ensemble de l’éducation une âme religieuse. (p. 80)