La parole de notre fondateur
Nous gardons les bonnes traditions de l’Eglise
Notre fondateur avait la conviction qu’on ne peut pas aller dans des églises recevoir des sacrements dont on se demande s’ils sont valides. Il n’en déclarait pas pour autant l’invalidité systématique. Dans les premiers temps après l’introduction des nouveaux rites, l’usage de l’huile d’olive a souvent été abandonné ; mais dans beaucoup de diocèses on y est aujourd’hui revenu.
C’est avec une grande joie, une grande satisfaction que nous vous voyons si nombreux, en cette fête de la Pentecôte, venus accompagner vos enfants pour la réception du sacrement de confirmation. Y a-t-il un jour plus favorable pour recevoir la grâce du sacrement de confirmation que le jour de la Pentecôte ? Chaque année, il y a toujours davantage d’enfants venant presque du monde entier. Ce n’est pas un secret de vous dire que ce matin s’est présentée une famille venue des Etats-Unis afin que leurs enfants puissent recevoir aujourd’hui le sacrement de confirmation, parce que je ne puis me rendre là-bas tous les ans, et que je n’ai pas pu y aller cette année pour conférer ce sacrement dans les prieurés. Aussi la famille a décidé de venir jusqu’ici, le jour de la Pentecôte, pour que les enfants ne demeurent pas sans le sacrement de confirmation, manifestant ainsi leur foi dans la grâce de ce sacrement et la nécessité pour les enfants de le recevoir.
L’huile d’olive
Je les ai félicités bien sûr, et je vous félicite aussi d’avoir cette conviction qu’il faut que les enfants reçoivent les grâces par des sacrements dont les rites sont sûrs et certains, des sacrements certainement valides. On ne peut pas aller dans des églises recevoir des sacrements dont on se demande s’ils sont valides ou non parce que les rites ont été changés, les traductions des formules du sacrement sont nouvelles. Et même, dans le cas de la confirmation, on ne sait pas avec quelle huile le sacrement est conféré. Or, l’huile est la matière du sacrement de confirmation, et c’est une tradition de presque vingt siècles dans l’Eglise que ce doit être l’huile d’olive. Vous pouvez consulter les livres de théologie : ils enseignent que c’est l’huile d’olive qui doit être employée ; le catéchisme du concile de Trente nous le dit également.1
Toute la cérémonie de consécration des saintes huiles qui est faite le Jeudi saint, fait allusion à l’olivier, à l’huile d’olive, au Jardin des Oliviers où se trouvait Notre-Seigneur qui, par sa sueur et son Sang qui ont coulé dans ce jardin, a sanctifié en quelque sorte ces oliviers. Toutes ces images, ces symboles, toutes ces réalités sont évoquées dans la bénédiction des saintes huiles. Le rameau d’olivier, apporté par la colombe dans l’arche, est aussi évoqué dans cette consécration. Si l’on emploie une huile qui n’est pas l’huile d’olive, tous ces symboles, toutes ces belles réalités disparaissent. On peut alors se demander si ceux qui donnent la confirmation avec de l’huile de soja ou de l’huile d’arachides, confèrent véritablement le sacrement, validement. Or, c’est ce qui se passe maintenant… Pour nous, nous ne changeons rien.
Les bonnes traditions de l’Eglise
La cérémonie que je vais faire est celle qui a été faite pour moi, lorsque j’ai reçu le sacrement de confirmation. Nous n’y changeons rien, nous gardons les bonnes traditions de l’Eglise. Par conséquent vous pouvez être certains, chers parents, que vos enfants qui vont recevoir le sacrement de confirmation aujourd’hui, le recevront validement. Et lorsque vous allez rentrer chez vous et embrasser vos enfants, vous pourrez dire que vraiment, chacun d’entre eux a été confirmé dans la grâce du baptême.
Car c’est cela le sacrement de confirmation, c’est la confirmation de la grâce reçue au jour du baptême, sa confirmation par une grâce supplémentaire. Non pas comme le disait l’évêque de Chambéry2 pour lequel il n’y a pas de Saint-Esprit donné au moment du sacrement de confirmation, mais simplement une prise de conscience de la grâce que nous avions reçue au jour du baptême. Il ne s’agit pas de cela ! Il y a une véritable grâce qui est donnée par le sacrement de confirmation, une grâce sacramentelle spéciale. Et quelle est-elle ? C’est la grâce de combattre, la grâce du militant. La vie chrétienne est un combat, c’est un fait. L’Esprit-Saint est un esprit de vie, un esprit qui combat l’esprit du péché. Or l’esprit du péché est entré dans le monde par le péché originel, et nous en sommes tous infestés. Même après avoir reçu la grâce du baptême, si le péché originel est effacé, les suites demeurent. Nous sommes malades des suites du péché originel.
Répandre la grâce autour de soi
Saint Thomas dit que nous avons quatre blessures dans nos âmes qui demeurent après que nous avons reçu la grâce du baptême, et qui nous mettent dans un état d’infériorité vis-à-vis de la santé spirituelle que nous devrions avoir3. Nous avons donc besoin des grâces du Bon Dieu pour nous guérir de ces blessures. La première est celle de l’ignorance : nous avons de la difficulté à penser au Bon Dieu, à vivre avec le Bon Dieu, à comprendre que la vie spirituelle est une vie bien supérieure à la vie matérielle, à la vie temporelle. Nous sommes aveuglés par les choses de ce monde. Cet aveuglement est comme un écran qui nous cache le monde spirituel, monde infiniment plus beau, infiniment plus parfait, infiniment supérieur au monde d’ici-bas, et vers lequel nous marchons, vers lequel nous sommes orientés. Ensuite, il y a la blessure de la malice : malheureusement nous avons quelquefois dans nos cœurs des sentiments qui s’élèvent et qui ne sont pas bons, qui ne sont pas conformes à l’amour du Bon Dieu, à l’amour du prochain. Puis il y a la blessure de la faiblesse : au lieu d’être forts et de nous maintenir dans la Loi du Bon Dieu, nous sommes faibles ; nous faisons des chutes parce que nous sommes faibles. Enfin, la quatrième blessure est celle de la concupiscence : nous sommes attirés par tous ces biens du monde, les richesses, les plaisirs, les satisfactions, les jouissances, alors nous oublions le Ciel et nous désobéissons au Bon Dieu. Ces quatre blessures demeurent en nous et c’est pourquoi nous avons besoin de lutter.
Mes chers enfants, c’est pour lutter contre tout cela que vous allez recevoir le sacrement de confirmation, afin de demeurer chrétiens – bons chrétiens, bonnes chrétiennes – et de ne pas désobéir au Bon Dieu. Vous l’avez promis au jour de votre baptême : « Je m’attache à Jésus-Christ pour toujours. Je renonce à Satan, je ne veux pas suivre Satan, je veux suivre Notre Seigneur Jésus-Christ ». Satan nous entraîne vers le péché, la désobéissance, vers le mal et l’enfer. Jésus nous entraîne vers l’obéissance, la soumission à la Loi du Bon Dieu, vers l’amour de Dieu, l’amour du prochain, et il nous entraîne vers le Ciel, il nous conduit au Ciel. Aussi, vous l’avez promis le jour de votre baptême, maintenant vous allez le répéter dans vos cœurs : « Je veux suivre Notre Seigneur Jésus-Christ, je ne veux pas suivre Satan ». Et tout à l’heure, vous allez réciter le Je crois en Dieu, le Notre Père, le Je vous salue Marie, pour professer votre foi après avoir reçu la grâce du sacrement de confirmation.
Remerciez donc le Bon Dieu, chers enfants. Remerciez vos chers parents qui vous ont conduits ici aujourd’hui afin que vous receviez cette grâce, grâce qui vous aide dans le combat spirituel, qui vous aide à être de bons soldats de Notre Seigneur Jésus-Christ et à être des missionnaires. Si on aime Notre-Seigneur, on veut qu’il règne dans tous les cœurs, dans toutes les maisons, dans tous les foyers, dans toutes les cités, dans tous les villages. On fait alors tout ce qu’on peut pour répandre la grâce de Notre-Seigneur autour de soi. C’est cela être missionnaire, et tout le monde peut être missionnaire en montrant l’exemple d’une vie chrétienne. Ne serait-ce qu’en montrant l’exemple, on attire les âmes à Notre Seigneur Jésus-Christ. Il faut être missionnaire ! Notre Seigneur Jésus-Christ est le chemin du Ciel, il n’y en a pas d’autre, alors il faut grouper toutes les âmes autour de Notre-Seigneur pour arriver au Ciel. Demandons cela à la très sainte Vierge Marie.
Vos parents, vos amis qui sont ici, vont prier. Vos prêtres qui vous entourent vont prier aussi pendant cette cérémonie du sacrement de confirmation, pour que cette grâce que vous allez recevoir vous vienne en abondance, et ils vous confieront à la très sainte Vierge Marie. Car vous allez recevoir cette grâce des mains de la très sainte Vierge Marie. Toutes les grâces que nous recevons, nous viennent par Marie. La grâce que les Apôtres ont reçue le jour de la Pentecôte lorsqu’ils entouraient la très sainte Vierge, est venue par Marie ; c’est par la très sainte Vierge Marie qu’ils ont reçu le Saint-Esprit. Aujourd’hui aussi, réunis autour de vos prêtres, vous recevrez cette grâce par la très sainte Vierge Marie. Priez la très sainte Vierge ; lorsque vous êtes dans les difficultés, les épreuves, le combat, demandez à la Vierge Marie de vous venir en aide, je suis sûr qu’elle vous aidera.
Mgr Marcel Lefebvre
(Confirmations à Ecône, dimanche de Pentecôte – 22 mai 1988)
- 1Catéchisme du Concile de Trente, deuxième partie, chapitre 14, § 5 et chapitre 17, § 2. « L’Eglise a depuis toujours utilisé l’huile, fruit de l’olivier, pour dire et communiquer les grâces variées que le Christ nous offre. Le saint chrême est un mélange d’huile d’olive et de parfum. Il est employé pour le baptême et la confirmation, pour l’ordination des prêtres et des évêques, et aussi pour la consécration des autels et des églises. » (http://croire.la-croix.com/Definitions/Sacrements/Confirmation/Le-saint-chreme – 21/05/2014)
- 2Mgr Claude Feidt, archevêque de Chambéry de 1985 à 1999.
- 3S. théologique, Ia-IIæ, q. 85, a. 3.