La parole de notre fondateur
Allons vers les sources de la vie, allons vers la “Lumière du monde”
De même que dans la messe il y a un appel à la sainteté, de même dans les instructions que l’évêque adresse aux ordinands, il y a un appel vibrant à se rendre aux sources de la sainteté.
Saint Joseph n’a pas été associé aux Apôtres pour devenir prêtre. Il a cependant montré l’exemple des vertus sacerdotales : exemple de chasteté, de pauvreté, et aussi, particulièrement par le choix même que le Bon Dieu a fait de lui comme père nourricier de son divin Fils, exemple d’union intime avec Notre Seigneur Jésus-Christ et sa sainte Mère, la très sainte Vierge Marie.
S’attacher à Jésus-Christ
Ne sont-ce pas là précisément des vertus que doivent pratiquer ceux qui se destinent au sacerdoce ? Humilité, pauvreté, chasteté, union à Notre Seigneur Jésus-Christ et à la très sainte Vierge Marie, c’est toute la vie du prêtre, toute sa vie intérieure. Et si l’Eglise demande que pour cette cérémonie d’ordination, qui a lieu le samedi avant le premier dimanche de la Passion, l’on utilise et l’on emploie le rite de la messe Sitientes – celle que nous allons célébrer – c’est parce que cette messe a aussi une orientation toute particulière, faite pour encourager ceux qui reçoivent les ordinations à se rendre aux sources de la sainteté, aux sources de la vie : Sitientes, ceux qui ont soif, soif des sources de la vie. Dans l’évangile, Notre-Seigneur dit qu’il est la Lumière, la Lumière du monde 1.
Aller vers les sources de la vie, aller vers la Lumière du monde, n’est-ce pas précisément ce que l’Eglise vous demande, mes chers amis, à vous particulièrement qui allez recevoir l’ordre du sous-diaconat ? A tous ceux qui sont ordonnés, en particulier aujourd’hui les exorcistes, les acolytes et les sous-diacres, l’Eglise demande qu’en se dirigeant vers l’autel, ils s’éloignent du monde, ils s’éloignent des ténèbres et s’attachent à la Lumière.
En effet, à mesure que, avec ces grâces d’ordination, vous vous approchez de l’autel, mes chers amis, vous vous approchez de Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, source de vie, source de la lumière, lui qui est bien la fontaine de vie, cette fontaine qui jaillit pour la vie éternelle. Il l’a dit à la Samaritaine 2. Quelle grâce pour vous, quelle grâce pour le prêtre de s’approcher ainsi de l’autel et de s’approcher de Notre Seigneur Jésus-Christ !
Vous, chers amis qui allez recevoir l’ordre d’exorciste, par vos fonctions vous chasserez les démons, vous libérerez les fidèles de ce qui les empêche ou les empêcherait de venir à la source de vie et à la source de la lumière.
Vous, acolytes, au contraire, vous ne vous attaquerez pas directement à ces obstacles, mais vous porterez déjà la lumière. Vous serez chargés de porter ces cierges qui représentent la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ, chargés aussi de porter déjà à l’autel ce qui va être transformé dans le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Les deux catégories d’ordination
Saint Thomas a divisé, vous le savez, les ordinations en deux catégories. Il réunissait les trois premières ordinations, les trois premiers ordres mineurs, en disant que ceux-là s’occupaient particulièrement du Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ ; ils avaient des charges qui les affectaient particulièrement au soin du Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ, des fidèles.
Le portier, le lecteur et l’exorciste s’occupent de préparer les fidèles à recevoir l’Eucharistie, à venir à Notre Seigneur Jésus-Christ. Par contre, il estimait qu’à partir de l’acolytat, la grâce particulière qui était donnée à ces ordres jusqu’à la prêtrise, était de s’approcher de Notre Seigneur Jésus-Christ, de commencer à avoir un certain pouvoir, non plus sur son Corps mystique mais sur son Corps physique, sur le propre Corps de Notre-Seigneur 3.
Si les acolytes s’approchent déjà de l’autel et vont porter les dons qui vont être transformés en Jésus lui-même, les sous-diacres, eux, portent le calice, la patène et aussi la sainte Eucharistie. Ils s’approchent encore davantage de l’autel, de Notre Seigneur Jésus-Christ, en attendant de devenir diacres, puis prêtres. Ils s’y préparent. Tout cela a une magnifique signification. Essayez, mes chers amis, d’approfondir ce grand mystère de la foi, mysterium fidei, qu’est la sainte messe. Parce que c’est dans la mesure où vous comprendrez ce qu’est la sainte messe, que vous comprendrez aussi ce que vous êtes par les ordinations.
Avoir une foi vive
Or, de même que dans la messe il y a un appel à la sainteté, de même dans les instructions que l’évêque va vous adresser dans quelques instants, il y a un appel vraiment vibrant à changer de vie, oui, à changer votre vie. Si usque nunc somnolenti, amodo vigiles. Si usque nunc ebriosi, amodo sobrii. Si usque nunc inhonesti, amodo casti 4. Si jusqu’à présent vous avez eu une certaine somnolence, une certaine indifférence, je dirais, une certaine paresse dans la piété, dans la dévotion, dans l’amour de Dieu, maintenant vous devez être vigilants. Si jusqu’à présent votre foi n’était pas très vive, maintenant vous devez avoir une foi vive : vera et catholica fides, vous devez avoir la vraie foi catholique, car tout ce qui n’est pas de la foi est schismatique.
C’est ce que va vous dire l’évêque : « Tout ce qui n’est pas de la foi est schismatique et s’éloigne de l’Eglise ». Dieu sait si nous avons besoin d’entendre ces paroles aujourd’hui ! Que de gens perdent la foi et hélas, même le clergé ! Que de monde s’éloigne de la foi aujourd’hui !
Ainsi est-il plus que jamais nécessaire que cet appel soit entendu de vous, mes chers amis, afin que vous soyez vraiment les lumières qui éclairent le monde. Vous êtes ce petit troupeau choisi par Notre-Seigneur pour demeurer dans la foi catholique. C’est d’une importance capitale pour la continuation de l’Eglise, pour la continuation de l’œuvre de la Rédemption. Comment peut-on continuer l’oeuvre de la Rédemption s’il n’y a plus la foi catholique, si l’on ne croit plus vraiment dans l’efficacité de la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, si Notre Seigneur Jésus-Christ n’est plus le centre de nos vies, le centre du monde, le centre de la société, de la famille, des individus, de l’Eglise, si ce n’est plus lui le Roi, le Roi universel, le Roi de toutes choses ? C’est ce que l’Eglise nous demande aujourd’hui, mes chers amis. Vous avez donc là une fonction admirable à remplir. Si jusqu’à présent vous n’avez pas eu suffisamment conscience de cette nécessité de mettre le Christ au centre de toutes choses, au centre de votre âme, de votre cœur, eh bien à partir de maintenant, prenez cette résolution de mettre Jésus partout, car sans lui nous ne pouvons rien faire. Il l’a dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » 5. Soyez donc bien convaincus de ces pensées car, s’il plaît à Dieu, et nous le souhaitons, votre ordination au sacerdoce est proche, mes chers amis, vous qui allez recevoir le sous-diaconat.
Le monde a besoin de prêtres saints
Nous nous réjouissons de ce que, par la grâce du Bon Dieu, vous soyez si nombreux aujourd’hui, chers sous-diacres ; nous avons tant besoin de prêtres ! Le monde a tant besoin de vrais prêtres, de prêtres saints, de prêtres qui sont la lumière du monde, de prêtres qui convertissent les âmes, de prêtres qui les sanctifient et les amènent à Notre Seigneur Jésus-Christ ! Vous le savez bien. Vous êtes bien au courant de ce qui se passe dans le monde et vous savez bien que ces prêtres-là manquent de plus en plus, et c’est pourquoi de partout on nous demande, on nous lance des appels : « Envoyez-nous des prêtres, envoyez-nous des prêtres ! ». Or cette année, malheureusement, ce sera un bien petit nombre de prêtres qui sera ordonné pour la Fraternité, mais nous espérons vivement qu’à partir de l’année prochaine, ce sera un nombre déjà plus respectable. Il n’y en a jamais suffisamment, mais je pense que l’on devrait arriver non loin d’une quarantaine de nouveaux prêtres à partir de l’année prochaine. Et, autant que l’on puisse en juger d’après le nombre de ceux qui sont présents au séminaire, ce chiffre-là devrait continuer, sinon augmenter chaque année. Ce sera là un bon apport pour le retour du monde à Notre Seigneur Jésus-Christ, pour la conversion du monde à Notre-Seigneur.
Demandons-le, chers amis et bien chers frères ; prions tous ensemble au cours de cette sainte messe, prions notre bonne Mère du Ciel pour qu’elle suscite de nombreuses vocations, et que par son intermédiaire – puisqu’elle est médiatrice de toutes grâces – les grâces que ces jeunes clercs vont recevoir dans quelques instants, inondent leurs âmes. Comme le disent encore les prières que l’évêque adresse à leur égard, qu’ils reçoivent l’Esprit avec tous ses dons, de façon à ce que, remplis de cet Esprit-Saint, remplis de ce feu, de cette lumière, de l’amour de l’Esprit-Saint, ils portent les grâces de la Rédemption à toutes les âmes.
Mgr Marcel Lefebvre
(Ecône, sous-diaconat, ordres mineurs Sitientes – 19 mars 1988)