La parole de Mgr Marcel Lefebvre – Le Rocher 138
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L’Assomption est remplie d’espérance, de joie et d’encouragement
Qu’est-ce que l’Eglise peut désirer de mieux pour nous, quel conseil plus efficace peut-elle nous donner, que d’avoir les yeux, c’est-à-dire avoir surtout notre cœur tout entier orienté vers les choses du Ciel.
Si l’on cherche quelle est la leçon que l’Eglise nous donne dans sa liturgie aujourd’hui, nous la trouverons dans l’oraison. En effet, nous avons chanté tout à l’heure le vœu que l’Eglise demande pour nous : « Que nous soyons toujours ad superna semper intenti ». Qu’est-ce que cela veut dire ? L’Eglise demande que nous ayons les regards de nos corps, de nos âmes, de nos cœurs toujours dirigés ad cœlestia, vers les choses célestes. Et elle ajoute : « Ut ipsius gloriæ mereamur esse consortes. Pour que nous soyons, un jour, participants de la gloire de Marie » (collecte de la fête de l’Assomption). Qu’est-ce que l’Eglise peut désirer de mieux pour nous ? Quel conseil plus efficace peut-elle nous donner ? Avoir les yeux, c’est-à-dire avoir surtout notre cœur tout entier orienté vers les choses du Ciel. Certes, cela nous est difficile depuis que nous sommes affligés par les suites du péché originel, et que notre âme est en quelque sorte aveuglée par les choses matérielles, par les choses sensibles qui forment un écran entre nous et le Ciel, alors qu’elles devraient être, au contraire, un moyen pour nous de nous élever vers le Ciel.
Mais s’il est une chose, s’il est une pensée qui nous aide à regarder vers le Ciel, c’est de penser à la très sainte Vierge Marie. Cette fête de l’Assomption est pour nous remplie d’espérance, remplie de joie, remplie d’encouragement, précisément parce que s’il est un sujet qui nous élève au Ciel, c’est bien la pensée de Marie triomphante, Marie glorieuse et Reine du Ciel.
Vous vous souvenez que, dans l’épître de l’Ascension, il est dit que les Apôtres demeuraient les regards tournés vers le ciel. Notre-Seigneur avait disparu pourtant, mais ils étaient tellement attirés par cette vision qu’ils avaient eue, que leurs yeux demeuraient fixés vers le ciel 1. Combien cela se comprend ! Et je pense que si nous avions assisté, nous aussi, à l’Assomption de la très sainte Vierge, nos yeux seraient restés fixés vers le ciel, avec l’espoir, un jour, de suivre notre Mère. Si l’on peut dire qu’une créature qu’elle est vraiment céleste, c’est bien le cas de la très sainte Vierge Marie, et le bon Dieu en a donné la preuve par son Assomption. Elle est maintenant rayonnante, non seulement dans son âme mais aussi dans son corps.
La splendeur de la sainte Vierge
D’ailleurs c’est un fait que, à chaque fois que la très sainte Vierge s’est manifestée ici sur terre, ceux qui ont eu la grande grâce de la voir, ont été dans l’admiration devant la splendeur de la sainte Vierge, devant sa lumière, devant son rayonnement, devant son état céleste, comme ces enfants de Lourdes ou Fatima qui étaient tellement captivés par cette vision que leurs sens ne s’exerçaient plus. On raconte que Bernadette était dans cet état d’extase devant la très sainte Vierge Marie, ne sentant même pas la flamme d’une bougie qu’on lui mettait sous la main, tant elle était attirée par la beauté, la grandeur, la sublimité de l’apparition de la très sainte Vierge Marie.
Car la Vierge Marie a eu des privilèges extraordinaires. Elle peut bien dire dans son Magnificat : « Fecit mihi magna qui potens est : Le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses, a fait pour moi de grandes choses » 2. Oui, en effet, on a peine à s’imaginer qu’une créature puisse porter Dieu, le Créateur du ciel et de la terre, en son sein, comme la très sainte Vierge Marie l’a porté. Dieu restait Dieu, rien ne changeait en Dieu, rien n’était modifié dans la très sainte Trinité : Dieu est immuable. Cependant, il a voulu habiter dans le sein de la Vierge Marie pendant neuf mois. Quelle grâce pour cette créature, choisie d’une manière toute spéciale pour être la Mère de Jésus-Christ, la Mère de notre Sauveur.
Marie est vraiment céleste, comme les fidèles aiment le manifester en cette fête de l’Assomption ; dans l’Eglise d’une manière générale, les foules se précipitent à la suite de la Vierge Marie. Des foules de catholiques se sont toujours réunies à l’occasion de cette fête, partout, soit en faisant des processions en l’honneur de la très sainte Vierge Marie, soit en allant dans des pèlerinages.
La fête de l’Assomption ne date pas de la proclamation du dogme de l’Assomption de la très sainte Vierge, le 1er novembre 1950, lorsque le pape Pie XII a proclamé que l’Assomption était un dogme, une vérité que nous devions croire pour être vraiment catholiques.
Non ! la fête de l’Assomption date du temps des Apôtres. On a fêté la Vierge Marie depuis des siècles, et les meilleurs témoignages se trouvent inscrits dans nos cathédrales et dans nos églises : les pierres elles-mêmes parlent de l’Assomption, de la très sainte Vierge ; les peintures aussi, vous connaissez la fameuse peinture de Murillo qui se trouve au musée de Madrid. Depuis de longues années, on fête la très sainte Vierge Marie dans son Assomption, en particulier depuis qu’en 1638, le roi Louis XIII a consacré la France à la très sainte Vierge Marie, au titre de son Assomption.
Ce sont autant de manifestations qui montrent l’attachement des fidèles, l’attachement de l’Eglise à la Vierge Marie dans son Assomption, jusqu’à cette apothéose que fut évidemment la proclamation du dogme par le pape Pie XII à laquelle j’ai eu le bonheur d’assister.
Il faut vivre avec la Vierge Marie
Quelle doit donc être pour nous, mes bien chers frères, la conclusion de ces considérations sur la fête de l’Assomption de la très sainte Vierge Marie ? C’est de tout faire pour ne pas empêcher nos cœurs d’être orientés vers le Ciel, de nous tourner vers la Vierge Marie. Il faudrait que nous puissions nous demander, lorsque nous sommes chez nous, dans notre vie quotidienne, dans notre activité coutumière, si la Vierge Marie serait d’accord avec nous, avec ce que nous faisons, avec ce que nous pensons, avec ce que nous regardons, avec ce que nous aimons… Il faut vivre avec la très sainte Vierge Marie, et ainsi nous vivrons du Ciel.
Il est bon de réfléchir, de faire comme un petit examen de conscience et de se demander : « Si la sainte Vierge Marie était maintenant présente auprès de moi, que penserait-elle de ce que je fais, de ce que je dis, de ce que je pense, de ce que j’aime ? »
Permettez à la très sainte Vierge Marie de se trouver toujours avec vous, partout où vous êtes ; partout où nous sommes, que nous puissions vivre avec notre Mère. Qu’elle ne soit pas obligée de nous quitter parce qu’elle ne peut pas rester dans l’ambiance où nous vivons, parce qu’elle ne veut pas accepter ce que nous faisons ou ce que nous aimons.
Voilà je pense la résolution que nous devons prendre si nous voulons vivre avec la Vierge Marie, et par conséquent, réaliser ce vœu que l’Eglise a manifesté dans son oraison : « Que nous soyons toujours les yeux tournés vers le Ciel. »
Que nous apprendra alors la très sainte Vierge Marie ? Elle nous apprendra à être saints comme elle a été sainte, à être purs comme elle a été pure, à aimer Dieu comme elle l’a aimé, et à aimer surtout son Fils Jésus-Christ. Elle nous enseignera qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui résident le Père et le Saint-Esprit.
Voilà surtout la grande leçon que nous donne la très sainte Vierge Marie, et cette leçon est très importante aujourd’hui parce que Notre-Seigneur est mis de côté, il est mis à l’égal de toutes les religions. La très sainte Vierge Marie ne peut pas supporter cela. C’est impossible ! Pour elle, il n’y a que Notre-Seigneur Jésus-Christ, son divin Fils, qui est « la Voie, la Vérité et la Vie » 3, qui est le chemin pour aller au Ciel. Il n’y en a pas d’autre ! Elle est venue le donner au monde, elle a été choisie pour donner au monde ce chemin, cette voie.
Alors, demandons à la Vierge Marie de rester avec nous ; qu’elle nous prenne par la main, qu’elle nous conduise, qu’elle soit vraiment notre Mère au cours de cette vie terrestre pour qu’un jour, comme le dit l’oraison, nous puissions aussi partager sa gloire dans le Ciel.
Mgr Marcel Lefebvre
(Ecône, Assomption, 15 août 1990)