La parole de Mgr Marcel Lefebvre – Le Rocher 132

Ne pas se laisser entraîner par les passions qui agitent le monde

Afin de refaire une chrétienté telle que l’Eglise la désire, l’a toujours faite, notre fondateur invitait à ne pas se laisser entraîner par toutes ces passions qui agitent le monde, et encourageait les familles à se consacrer au Cœur de Jésus, et au Cœur Immaculé de Marie.

La notion du sacrifice est une notion profondément chrétienne et profondément catholique. Notre vie ne peut pas se passer du sacrifice dès lors que Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dieu Lui-même, a voulu prendre un corps comme le nôtre et nous dire : « Suivez-moi, prenez votre croix et suivez-moi si vous voulez être sauvé », et qu’il nous a donné l’exemple de la mort sur la croix, qu’il a répandu son Sang ; oserions-nous, nous ses pauvres créatures, pécheurs que nous sommes, ne pas suivre Notre-Seigneur en suivant son sacrifice, en suivant sa croix ? Voilà tout le mystère de la civilisation chrétienne, voilà ce qu’est la racine de la civilisation chrétienne, de la civilisation catholique.

Unir nos souffrances à celles de Notre-Seigneur

La compréhension du sacrifice dans sa vie, dans la vie quotidienne, l’intelligence de la souffrance chrétienne, ne plus considérer la souffrance comme un mal, comme une douleur insupportable, mais partager ses souffrances et sa maladie avec les souffrances de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en regardant la Croix, en assistant à la sainte messe qui est la continuation de la passion de Notre-Seigneur sur le Calvaire.

Alors la souffrance devient une joie, la souffrance devient un trésor parce que ces souffrances unies à celles de Notre-Seigneur, unies à celles de tous les martyrs, unies à celles de tous les saints, de tous les catholiques, de tous les fidèles qui souffrent dans le monde, unies à la Croix de Notre-Seigneur, deviennent un trésor inexprimable, un trésor ineffable, deviennent d’une efficacité extraordinaire pour la conversion des âmes, pour le salut de notre propre âme. Beaucoup d’âmes saintes, chrétiennes, ont même désiré souffrir, ont désiré la souffrance pour s’unir davantage à la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voilà la civilisation chrétienne. (…)

Or vous le savez bien, nous avons tous des épreuves, nous avons tous des difficultés dans notre vie, dans notre existence et nous avons besoin de savoir pourquoi nous souffrons, pourquoi ces épreuves, pourquoi ces douleurs, pourquoi ces souffrances, pourquoi ces catholiques, ces personnes étendues sur des grabats ? Les hôpitaux pleins de malades, pourquoi ? – Le chrétien répond : pour unir mes souffrances à celles de Notre-Seigneur Jésus-Christ au saint autel ; les unir au saint autel et ainsi participer à l’œuvre de la rédemption de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mériter pour moi et pour ces âmes le salut du ciel.

Alors, au concile, les ennemis de l’Eglise se sont infiltrés, et le premier objectif qu’ils ont eu a été de démolir et de détruire d’une certaine façon et dans une certaine mesure la messe. (…) On a enlevé justement de la messe ce qui fait son caractère sacrificiel, son caractère de rédemption du péché par le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ. On a fait de la messe une pure assemblée présidée par le prêtre. Ce n’est pas cela la messe. Aussi n’est-il pas étonnant que la Croix ne triomphe plus, parce que le sacrifice ne triomphe plus, et que les hommes ne pensent plus qu’à augmenter leur “standing” de vie, qu’à rechercher l’argent, les richesses, les plaisirs, le confort, les facilités d’ici-bas et perdent le sens du sacrifice.

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Croisade des jeunes, des familles chrétiennes, des chefs de famille

Que nous reste-t-il à faire, mes bien chers frères, si nous approfondissons ce grand mystère de la messe ? Je pense pouvoir dire que nous devons faire une croisade, appuyée sur le saint Sacrifice de la messe, sur le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, appuyée sur ce roc invincible et sur cette source inépuisable de grâces qu’est le saint Sacrifice de la messe. (…) Il nous faut faire une croisade, une croisade appuyée précisément sur cette notion de sacrifice, afin de recréer la chrétienté, refaire une chrétienté telle que l’Eglise la désire, l’a toujours faite avec les mêmes principes, le même sacrifice de la messe, les mêmes sacrements, le même catéchisme, la même Ecriture Sainte.

Nous devons recréer cette chrétienté, c’est vous, mes bien chers frères, vous qui êtes le sel de la terre, vous qui êtes la lumière du monde, vous auxquels Notre-Seigneur Jésus-Christ s’adresse en vous disant : « Ne perdez pas le fruit de mon Sang, n’abandonnez pas mon Calvaire, n’abandonnez pas mon Sacrifice ». Et la Vierge Marie, qui est tout près de la Croix, vous le dit aussi. Elle qui a le cœur transpercé, rempli de souffrances et de douleurs, également rempli de joie de s’unir au Sacrifice de son divin fils, Elle vous le dit aussi : « Soyons chrétiens, soyons catholiques ! »

Ne nous laissons pas entraîner par toutes ces idées du monde, par tous ces courants qui sont dans le monde et qui nous entraînent vers le péché, vers l’Enfer. Si nous voulons aller au Ciel, nous devons suivre Notre-Seigneur Jésus-Christ, porter notre croix, et suivre Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’imiter dans sa Croix, dans sa souffrance, dans son sacrifice.

Alors, je demande aux jeunes, aux jeunes qui sont ici, dans cette salle, de demander aux prêtres de leur expliquer ces choses si belles, si grandes, de manière à ce qu’ils choisissent leur vocation, et que dans toutes les vocations qu’ils peuvent choisir, qu’ils soient prêtres, religieux, religieuses, mariés, mariés par le sacrement de mariage et donc dans la Croix de Jésus-Christ et dans le Sang de Jésus-Christ, mariés sous la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’ils comprennent la grandeur du mariage et qu’ils s’y préparent dignement par la pureté, la chasteté, par la prière, par la réflexion. Qu’ils ne se laissent pas entraîner par toutes ces passions qui agitent le monde. Croisade des jeunes qui doivent rechercher le véritable idéal !

Familles chrétiennes qui êtes ici, consacrez vos familles au Cœur de Jésus, au Cœur Eucharistique de Jésus, au Cœur Immaculé de Marie. Priez en famille ! Oh ! Je sais que beaucoup d’entre vous le font, mais qu’il y en ait toujours de plus en plus qui le fassent avec ferveur. Que vraiment Notre-Seigneur règne dans vos foyers !

Eloignez, je vous en supplie, tout ce qui empêche les enfants de venir dans votre foyer. Il n’y a pas de plus beau don que le bon Dieu puisse faire à vos foyers que d’avoir de nombreux enfants. Ayez des familles nombreuses, c’est la gloire de l’Eglise catholique que la famille nombreuse. (…) Ne limitez pas, je vous en supplie, les dons de Dieu, n’écoutez pas ces slogans abominables qui détruisent la famille, qui ruinent la santé, qui ruinent le ménage et qui provoquent les divorces !

Et je souhaite que dans ces temps si troublés, dans cette atmosphère si délétère dans laquelle nous vivons dans les villes, vous retourniez à la terre quand c’est possible. La terre est saine, la terre apprend à connaître Dieu, la terre rapproche de Dieu, elle équilibre les tempéraments, les caractères, elle encourage les enfants au travail.

Et s’il le faut, vous ferez vous-mêmes l’école à vos enfants, si les écoles corrompent vos enfants, qu’allez-vous faire ? Les donner aux corrupteurs ? A ceux qui enseignent ces pratiques sexuelles abominables dans les écoles ? Ecoles catholiques de religieux, de religieuses où l’on enseigne le péché, ni plus ni moins ! Dans la pratique, on enseigne cela aux enfants, on les corrompt dès leur plus jeune âge. Et vous supportez cela ? C’est impossible ! (…)

Enfin, croisade des chefs de famille. Vous qui êtes chef de famille, vous avez une grave responsabilité dans votre pays. Vous n’avez pas le droit de laisser votre pays envahi par le socialisme et le communisme. Vous n’en avez pas le droit ou vous n’êtes plus catholiques. Vous devez militer au moment des élections pour que vous ayez des maires catholiques, des députés catholiques (…). Ce n’est pas faire de la politique cela, c’est faire de la bonne politique, la politique comme l’ont faite les saints, comme l’ont faite les papes qui se sont opposés à Attila, comme saint Rémi qui a converti Clovis, comme Jeanne d’Arc qui a sauvé la France du protestantisme. Si Jeanne d’Arc n’avait pas été suscitée en France, nous serions tous protestants ! C’est pour garder la France catholique que Notre-Seigneur a suscité Jeanne d’Arc, cette enfant de 17-18 ans, qui a bouté les Anglais hors de France. C’est de la politique cela aussi ! Alors, oui, cette politique nous en voulons, nous voulons que Notre-Seigneur Jésus-Christ règne. Vous l’avez chanté tout à l’heure, "Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat !". Est-ce que ce sont des mots ? Seulement des mots ? Des paroles, des chants ? Non ! Il faut que ce soit une réalité.

Chefs de famille, c’est vous qui êtes responsables de cela, pour vos enfants, pour les générations qui viennent. Alors, vous devriez vous organiser, vous réunir, vous entendre pour arriver à ce que la France redevienne chrétienne, redevienne catholique. Ce n’est pas impossible, ou alors il faut dire que la grâce du Saint Sacrifice de la messe n’est plus la grâce, que Dieu n’est plus Dieu, que Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est plus Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il faut faire confiance en la grâce de Notre-Seigneur, car Notre-Seigneur est tout-puissant. J’ai vu cette grâce à l’œuvre en Afrique, il n’y a pas de raison pour qu’elle ne soit pas aussi agissante ici, dans nos pays.

Mgr Marcel Lefebvre

(Paris, le 23 septembre 1979)