La fête de la Pentecôte

Extrait du sermon de Mgr Lefebvre au jour de la Pentecôte, le 3 juin 1979

La fête que nous célébrons aujourd’hui, la fête de la Pentecôte, était déjà célébrée chez les juifs. Elle leur rappelait que Dieu avait donné à Moïse les tables de la Loi sur le Mont Sinaï, cinquante jours après leur sortie d’Egypte. Et c’est pourquoi cette fête est appelée la Pentecôte, puisqu’il s’est écoulé précisément cinquante jours entre la sortie d’Egypte et la remise des tables de la Loi à Moïse.

Oh évidemment, comme toutes les choses dans l’Ancien Testament, elles ne sont que des figures de la grande réalité qui devait se réaliser par Notre Seigneur Jésus-Christ, par le Nouveau Testament.

Et cette Pentecôte du Sinaï n’était que l’image de la Pentecôte future, de celle que nous fêtons aujourd’hui : la descente du Saint-Esprit sur les apôtres.

Il y a là une similitude profonde entre la fête que célébraient les juifs et celle que nous célébrons aujourd’hui. En effet, qu’est-ce donc que cette prise de possession, en quelque sorte, du cœur et de l’esprit des apôtres par l’Esprit de Dieu, par l’Esprit de Notre Seigneur, sinon d’inscrire en lettres d’or, d’inscrire profondément dans leur cœur de chair et dans leur âme, la loi de Dieu ? Cette loi qui fut inscrite sur des pierres, ne l’est plus désormais sur des pierres, mais elle l’est sur des âmes.

Car cette loi n’est pas faite pour demeurer inscrite sur des pierres qui sont froides, et qui ne peuvent pas accomplir cette loi. Désormais ce sont les âmes mêmes des apôtres qui vont recevoir cette loi dans leur cœur. Cette loi de charité n’est pas autre chose que la vertu de Dieu Lui-même. Car la loi en Dieu, c’est le Verbe de Dieu.

Et c’est pourquoi cette marque de la loi dans leur cœur s’est accomplie par l’esprit d’amour, par l’esprit de charité qui s’est montré visiblement sur la tête des apôtres par des langues de feu. Feu de la charité.

Notre-Seigneur n’avait-Il pas dit : Je suis venu allumer le feu sur la terre et je n’ai qu’un désir c’est qu’il s’embrase. Et ce feu, c’est bien le feu de la charité, le feu de l’amour qui embrasait les apôtres, qui a transformé leur âme.

Et comment s’est opéré, dans l’âme des apôtres cette transformation, cette inscription dans leur cœur, inscription vivante, inscription pénétrante de la loi de Dieu, de la charité dans leur cœur ?

Oh laissons de côté, si vous voulez bien, les aspects miraculeux de l’événement, qui ne sont pas à dédaigner bien sûr et que le Bon Dieu a voulus pour qu’ils marquent aussi nos intelligences, nos cœurs, nos mémoires. Mais demandons-nous ce qui a pu transformer ainsi les apôtres. Ce n’est ni plus ni moins que la grâce sanctifiante, que la participation à la vie divine de Notre Seigneur, par les apôtres, dans leur âme et leur cœur, qui les a embrasés de cet amour que le Saint-Esprit est venu leur donner.

Voilà ce que nous devons méditer aujourd’hui, car la descente du Saint-Esprit sur les apôtres, s’est continuée à travers les siècles jusqu’à nous. Et chaque fois que nous recevons les sacrements, chaque fois que nous recevons une augmentation de grâce, c’est aussi une augmentation de la présence de Jésus en nous.

Et cette grâce qui est dans nos âmes est tout entière orientée vers le Ciel. C’est déjà une participation du Ciel en nous. C’est pourquoi nos âmes doivent être tout entières tournées vers le Ciel. Autant nous étions convertis vers les choses de la terre avant que nous ayons reçu la grâce, autant notre âme doit être convertie vraiment vers Dieu, par la grâce sanctifiante.

Alors toutes les choses de la terre, doivent nous être peu de choses à côté des choses du Ciel.

Voilà ce que sont les vrais chrétiens; voilà ce que sont ceux qui ont vraiment la grâce sanctifiante en eux. Ils doivent rayonner cette charité ; rayonner cette présence de Dieu en eux.

Rayonner par leur sérénité ; rayonner par leur dévouement; rayonner par leur désir de convertir les âmes, de leur transmettre cette grâce qu’ils ont reçue eux-mêmes.

Demandons aujourd’hui à la très Sainte Vierge Marie qui a été remplie elle aussi du Saint-Esprit et par qui les apôtres ont reçu les grâces que le Bon Dieu leur a données par le Saint-Esprit au jour de la Pentecôte, demandons à la Vierge Marie de nous donner l’Esprit-Saint et de nous faire prendre conscience toujours davantage de la grandeur, de la beauté, de la sublimité de la grâce sanctifiante que nous devons garder précieusement en nous et faire en sorte que jamais nous ne la perdions, afin de pouvoir nous unir dans l’éternité avec tous les saints du Paradis.

Au nom du Père...