Ayons confiance dans la Tradition

Ce que nous souffrons aujourd’hui est pénible, mais ayons confiance dans tout ce que les papes ont enseigné autrefois. Et souffrons tranquillement, dans la paix, en priant, sans mettre dans nos cœurs une amertume ou des critiques contre ceux qui ne suivent pas notre chemin, qui ne suivent pas le chemin de la Tradition de l’Eglise.

Mes bien chers frères, comment ne pas répéter les paroles de saint Paul : « Je rends grâce à Dieu parce que le bon Dieu vous a donné une grâce particulière de connaître Notre-Seigneur Jésus-Christ et de vous attacher à lui, d’avoir la science du Christ et, dans cette science, d’attendre la venue de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à la fin des temps. »1 (…) Mais combien d’hommes sont aveugles, combien d’homme l’ignorent, combien d’hommes n’en tiennent pas compte ! Alors, pour nous, qui avons la grâce toute particulière de connaître et de comprendre ces choses et de croire à Notre-Seigneur Jésus-Christ, combien nous devons être apôtres ! Nous ne devons pas réserver cette grâce pour nous. Apôtres pour notre foyer, apôtres pour notre prochain, ceux qui nous sont proches, ceux qui sont autour de nous, mais aussi apôtres pour le monde entier. Si vous souffrez, si vous avez des difficultés, si un jour vous êtes sur un lit d’hôpital, offrez donc votre vie, offrez vos souffrances pour les âmes, afin que les âmes soient éclairées, afin que les âmes se sauvent avec Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voilà l’idéal de la vie chrétienne. Et voilà la beauté et la grandeur de la vie chrétienne. (…)

Sans doute, dans vos cœurs vous vous dites : mais quand finira cette persécution dont nous sommes l’objet ? Quand comprendra-t-on que ce que nous faisons n’est pas autre chose que ce que faisaient nos parents, nos grands-parents, nos arrière-grands-parents ? Ils ont toujours fait ce que nous faisons aujourd’hui. Nous recevons la communion comme ils l’ont reçue, nous assistons à la messe, à la même messe à laquelle ils ont assisté pendant toute leur vie et qui leur a préparé l’éternité. Alors nous voulons continuer dans le chemin de nos parents, dans le chemin de nos ancêtres, dans le chemin de l’Eglise, dans le chemin qu’a toujours enseigné l’Eglise.

Et pour nous prêtres, nous voulons continuer comme on nous a enseigné au séminaire. On nous dit : voilà votre messe. Voilà votre messe, dites cette messe tous les jours de votre vie, avec piété, avec dévotion. Ne changez jamais rien à cette messe. Et voilà, nous continuons, nous sommes fidèles à ce que nous a enseigné l’Eglise, à ce que nous ont enseigné nos professeurs, nos prêtres. Alors, il n’est pas possible, mes bien chers frères, il n’est pas possible que ce qui a sanctifié des générations et des générations, qui a sanctifié vingt siècles de chrétienté, qui a sanctifié les saints qui sont au Ciel, qui a sanctifié tous ceux qui sont au Ciel, il n’est pas possible que ce ne soit plus valable, que cela ne sanctifie plus aujourd’hui, ce n’est pas possible. Mais alors, comment se fait-il qu’on nous persécute, comment se fait-il qu’on nous dit presque hors de l’Eglise ?

Mes bien chers frères, lorsqu’on lit l’histoire de l’Eglise, on s’aperçoit qu’il y a eu bien des périodes douloureuses dans l’Eglise, où les fidèles ne savaient plus à qui se vouer, vers qui aller. Et bien souvent, ce sont les laïcs qui ont montré le chemin à leurs prêtres, oui, à leurs prêtres et même à leurs évêques parce que, dans leur foi toute simple, dans leur conviction profonde, ils ont justement maintenu la Tradition. Dans une famille, on a des traditions. Alors, ils ont maintenu leur Tradition, ils ont dit non, nous ne pouvons pas changer, nous ne pouvons pas devenir ariens, nous ne pouvons pas croire que Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est plus le Fils de Dieu, ce n’est pas possible. Même si les évêques prennent des formules qui sont douteuses, et qui nous font croire que, peut-être, Notre-Seigneur n’est pas le Fils de Dieu, nous ne sommes pas d’accord. Nous maintenons notre foi catholique. Et ce sont eux qui ont eu raison ; les papes leur ont donné raison, après.

Il fut un temps aussi, celui du pape Jules II, du pape Léon X, au moment où la Renaissance est revenue, où on a fait venir presque toutes les divinités païennes à l’intérieur de l’Eglise, tellement on trouvait cela beau. On admirait les divinités païennes d’autrefois, on revenait aux temps anciens, on découvrait tout à coup les beautés de l’architecture, de la culture grecque, païenne, et tout cela venait, et tout cela venait à Rome. Et les papes se réjouissaient de voir cette union de la culture païenne avec la culture chrétienne, une espèce d’œcuménisme comme nous en avons aujourd’hui. Cette époque, celle de la Renaissance, a été effrayante. C’était vraiment le paganisme qui rentrait dans l’Eglise et qui corrompait l’Eglise. Eh bien, le pape qui a suivi le pape Léon X a dit non, ce n’est pas possible, nous ne pouvons pas continuer dans cette voie-là, ce n’est pas possible, c’est terminé. Il faut que nous revenions à nos traditions.

Eh bien, c’est nous qui souffrons aujourd’hui cela, et c’est pénible pour nous ; mais ayons confiance, ayons confiance dans la Tradition, ayons confiance dans tout ce que les papes ont enseigné autrefois. Si, aujourd’hui, nous sommes secoués par cet œcuménisme, par cette espèce d’indifférentisme religieux où toutes les religions aussi sont presque admises dans l’Eglise, eh bien, non, nous disons non, ce n’est pas possible. Il n’y a qu’une seule religion vraie, il n’y a qu’un Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ, il n’y a qu’un Fils de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Verbe de Dieu qui est Dieu Lui-Même, dans la Trinité Sainte. Nous ne pouvons pas changer ces choses-là. Il n’y a qu’une seule Eglise, l’Eglise catholique et romaine qui a été fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ, il n’y a que cette Eglise pour être sauvé. Alors, nous tenons ferme. Et quoi qu’il arrive, quoi qu’il arrive, soyons sûrs, sûrs qu’un jour le Bon Dieu fera en sorte que ces vérités, qui sont les vérités de salut, les vérités qu’il nous a enseignées lui-même pendant vingt siècles, que ces vérités retrouveront le chemin de l’Eglise, que ces vérités seront de nouveau affirmées publiquement dans l’Eglise. Alors, souffrons tranquillement, dans la paix, en priant, sans mettre dans nos cœurs une amertume ou des critiques contre ceux qui ne suivent pas notre chemin, qui ne suivent pas le chemin de la Tradition de l’Eglise. Laissons cela à Dieu. Mais pour nous, n’ayons aucune hésitation. Continuons dans cette voie pour le salut de nos âmes, pour le salut de l’âme de nos enfants et pour le bien de l’Eglise, pour le salut de l’Eglise.

Confions ces pensées à la très sainte Vierge Marie. C’est elle qui a toujours vaincu toutes les hérésies au cours de l’histoire, n’est-ce pas, et c’est elle encore qui nous a montré le danger du communisme. Lorsqu’elle est venue à Fatima, elle a montré le danger du communisme, elle en a parlé, elle nous a dit le grand danger que courent les âmes, que court le monde entier si on ne prie pas pour la conversion des communistes, elle nous l’a dit. Alors, elle est là, elle veille sur nous, ayons confiance dans notre bonne mère du Ciel.

Mgr Marcel Lefebvre

(Riddes, le 28 septembre 1980)

 

  • 1Cf. I Cor. I, 4-8.