Décembre 2023 - Mot du Supérieur

Source: District de Suisse

Alors qu’il se trouvait en vacances dans les Pyrénées, le jeune Marcel Lefebvre voulut admirer un lever de soleil du haut des cimes. Accompagné de trois de ses sœurs, il était parti à quatre heures du matin pour atteindre à temps le point de vue renommé d’où ils pourraient contempler le spectacle et se pénétrer des beautés dont Dieu est l’auteur. Ceci fait, ils s’empressèrent de descendre au village le plus proche pour arriver à huit heures à messe. Malheureusement, en entrant dans l’église, ils devaient constater que la messe venait de se terminer. Le jeune Marcel s’enhardit pour aller trouver le curé à la sacristie et lui demander la communion. Ce dernier commença par refuser, pensant avoir à faire à quelques paresseux qui n’avaient pas réussi à se réveiller pour la messe, mais il s’empressa ensuite d’accepter, édifié d’entendre de ces enfants la raison de leur retard.

La messe est notre trésor ! C’est l’enseignement que nous a transmis notre fondateur et comme on a pu le lire ci-dessus, ce n’était pas qu’une belle théorie, c’était réellement vécu : qui pense à aller admirer un lever du soleil et ensuite ne pas manquer d’assister aux saints mystères ? Cet amour de la messe, Mgr Lefebvre a voulu le confier à la Fraternité et, à sa suite, la Fraternité n’a qu’un seul désir : en faire profiter ses fidèles. D’où la question qui nous intéresse : profitons-nous assez de la sainte messe ?

Certes, nous pourrions dire que la plupart de nos fidèles font l’effort de venir à la messe dominicale et c’est heureux, surtout dans un monde qui ne considère qu’avec mépris l’accomplissement du troisième commandement de Dieu, car cette obligation est grave. Il y a cependant un constat récurrent, c’est celui de la messe en vacances. Bien souvent les fidèles, après avoir tout préparé viennent interroger le prêtre pour une dispense de l’assistance à la messe car le lieu de vacances est trop loin d’un centre de messe. Dommage, car le premier réflexe catholique serait de chercher un centre de messe et de planifier ses vacances en fonction de la messe. Il peut y avoir évidemment des exceptions, mais manquer la messe dominicale ne doit jamais être pris à la légère, car elle est obligatoire sous peine de péché.

Mais il y a aussi ce qui est laissé libre à la piété de chacun, comme les messes en semaine. On ne peut que féliciter tous les fidèles qui font l’effort de venir à la messe en semaine, pour certains même tous les jours, et souvent au prix de sacrifices édifiants. C’est très beau ! Mais un peu comme pour un verre à moitié plein, on ne peut manquer de voir que l’autre moitié est vide et penser que l’on pourrait faire mieux.

Comme nous sommes au temps de l’Avent, je ne peux donc manquer d’encourager à faire mieux ! Les bancs de nos chapelles, à certains jours de semaine ou même pour de grandes fêtes, sont malheureusement bien clairsemés. Que faire alors pour donner ou redonner cet amour de la messe et inviter à y assister ?

Certes, pour beaucoup de fidèles, la possibilité d’assister à la messe sera bien limitée, car la vie de famille et les activités professionnelles occupent tellement qu’elles ne permettent pas de venir souvent à la messe en semaine. Mais il est bon de se poser la question, surtout en période de vacances ou le week-end. Dans tous les cas, il faut garder intact le désir de la messe, ne pas hésiter à s’y unir de cœur et faire souvent de bonnes communions de désir, mais surtout s’y rendre dès que l’occasion se présente.

Une réflexion toute simple et un peu triviale peut-être pour faire le point sur le sujet serait de nous demander si nous avons eu le temps de regarder un film ou de voir le temps que nous prenons pour notre portable… car alors probablement que nous aurions eu aussi le temps d’aller à la messe. C’est toujours un effort d’offrir à Dieu un peu de son temps, de mettre de côté des occupations bien légitimes pour venir assister au saint sacrifice de la messe, mais quelle récompense en retour !

Au-delà de l’effort et de la volonté nécessaires, il me semble en fait que si la messe n’est pas assez au cœur de notre existence, c’est qu’il y a probablement un manque de compréhension de ce qu’elle est en réalité. Affirmer cela n’est pas un reproche, c’est davantage une invitation, car la messe est un mystère qu’on ne pourra jamais épuiser ici-bas. C’est une rencontre entre le temps et l’éternité qui fait de ce moment un instant privilégié.

Comment expliquer que le but suprême de toute la création : « pour qui tout a été fait », le moment où le genre humain a été racheté : « pour nous et notre salut », se réactualise devant mes yeux ? La réalité est certes sacramentelle, mais pas moins bien réelle : en assistant à la messe, j’assiste vraiment au moment qui m’a ouvert les portes de l’éternité, je suis au Cénacle, je suis au Calvaire. Comment alors ne pas souhaiter qu’elle soit vraiment le cœur de toute ma vie !

Je me permets de citer Mgr Lefebvre, un peu longuement, lors d’une retraite aux sœurs en 1976. Cette citation résume parfaitement notre propos : « Le but de Notre-Seigneur Jésus-Christ a été de s’offrir sur la croix. Il n’est pas venu pour autre chose. Et la messe, c’est la continuation de la croix ; le but de Notre-Seigneur est donc de continuer sa croix jusqu’à la fin des temps. Il semble que beaucoup d’âmes l’ont oublié. Elles ont cherché la source des grâces dans de petites pratiques, dans la récitation de certaines prières personnelles, dans de petites dévotions à tel saint, à tel autre… C’est bien d’avoir des dévotions, mais ayons la dévotion essentielle, la dévotion capitale et fondamentale de l’Eglise, de tous les saints : celle que Notre-Seigneur nous a apportée. Il n’y a rien qui remplace le sacrifice de la croix. Aucune dévotion, même à la sainte Vierge, ne peut remplacer le sacrifice de la messe. Et justement, la sainte Vierge nous pousse à venir à la croix ; elle y est toujours présente. »

Après de telles considérations sur l’importance de la sainte messe, il est difficile d’ajouter des commentaires ou d’apporter des précisions. Notons cependant que le démon a tout fait pour éloigner les fidèles de la messe. Il l’a réalisé tout spécialement dans les années suivant le concile, en essayant de vider la messe de sa substance. Il y a presque réussi. Alors ne soyons pas étonnés qu’il revienne à la charge encore aujourd’hui, qu’il mette tout en œuvre nous éloigner du salut et de la prière par excellence qu’est la sainte messe.

Chers fidèles, profitons de ce temps de l’Avent pour apprécier davantage le saint sacrifice et venir plus souvent à la messe en semaine. Cela pourra peut-être nous coûter au début et nous être quelque peu pénible. Mais peu à peu, par la fréquentation des mystères nous serons saisis par l’évidence des beautés de la messe et nous aurons de la peine à nous détacher de ce qui est le soleil de notre vie. Que Marie, présente au pied de la croix, le soit aussi dans nos cœurs pour susciter en nous l’amour de la messe et nous aider à nous y rendre aussi souvent que possible !

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