Flüeli 2023 : prédication de Mgr Huonder

Il est nécessaire de combattre pour la vraie foi

 Le thème du pèlerinage au Flüeli était "le combat pour la vraie foi". La plus grande et la pire des attaques contre la foi, qui dure depuis déjà soixante ans, est celle dirigée contre le saint sacrifice de la messe. 

Durant les soixante dernières années, nous avons en effet dû être témoins de la destruction de la vraie foi, une lente mais constante destruction. C’est pourquoi il est nécessaire de combattre pour la vraie foi. 

En résumé, il y va de la foi en un seul Dieu trinitaire ; de la foi en Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu et Sauveur de l’humanité ; de la foi en un seul Sauveur de l’humanité ; de la foi dans les privilèges de grâce de la Mère de Dieu, la sainte Vierge Marie ; de la foi dans les péchés qui éloignent de Dieu ; de la foi en la grâce de la mort sur la croix de Notre-Seigneur, qui nous délivre du péché et nous mène à Dieu ; de la foi dans les sacrements qui nous communiquent la grâce de la crucifixion ; de la foi dans le sacrifice de la messe qui rend présent le sacrifice de la croix et qui, en tant que sacrifice expiatoire, est une source constante de la grâce ; de la foi en une vie de vertu et de sainteté selon les décrets divins, afin de plaire à Dieu ; de la foi en la vie éternelle que l’homme obtient en suivant la voie étroite d’un vie sainte selon les commandements de Dieu, en observant l’ordre de la création, gagnant ainsi la vie éternelle ; de la foi que la voie large des péchés, des inclinations contre nature et du vice conduit à la perdition, à la damnation éternelle (Cf. Mt VI, 13-14). 

Il faut dire que la plus grande et la pire des attaques contre la foi est celle dirigée contre le saint sacrifice de la messe, surtout en tant que sacrifice expiatoire, que le prêtre et le prêtre seul peut accomplir ; une attaque qui dure depuis déjà soixante ans et va maintenant si loin que l’on tente d’éradiquer le sacrifice de la messe. C’est la tentative de transformer la messe en une assemblée de bien-être humain avec un président, ou en un événement festif avec différentes présentations. On a ainsi oublié les paroles du Seigneur ou on les a falsifiées : « Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt XXVIII, 20). 

Le combat de la foi n’est pas un combat avec des armes, un combat sanglant, mais un combat spirituel, un combat contre les esprits du mal, un combat, comme saint Paul le définit dans son épître aux Ephésiens : « Revêtez-vous de l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister au diable. Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans les airs » (Eph. 6, 11-12). 

Notre combat est, pour ainsi dire, la continuation du combat de Jésus contre le démon. Saint Matthieu nous rapporte : Alors Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Et le tentateur, s’approcha. Ainsi le tentateur s’approche aussi de nous, de notre temps, de notre génération. Mais nous, nous sommes secourus par le Seigneur lui-même, par ses paroles d’anathème : « Retire-toi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul. Alors le diable le laissa, et voilà que des anges s’approchèrent pour le servir » (Mt 4, 1-3 et 10-11). 

J’aimerais mettre l’accent sur trois vérités qui sont l’objet du combat de notre foi. En ce temps c’est un combat surtout pour Notre-Seigneur Jésus-Christ, le sauveur du monde, le seul sauveur du monde ; deuxièmement un combat pour le sacrifice que Notre-Seigneur nous a donné comme sacrifice propitiatoire, la sainte messe dans son intégrité, transmise à travers tous les siècles ; et troisièmement un combat pour une vie sainte, à notre époque surtout pour la vertu de chasteté et contre un monde pervers, qui a déjà conquis une grande partie de la hiérarchie catholique et s’est infiltré au cœur même de notre Eglise. On ne veut plus suivre les commandements de Dieu, on ne veut plus écouter l’enseignement des Apôtres, on veut pratiquer une morale de soi-disant inclusion (euphémisme), ce qui n’est rien d’autre qu’une forme de vie qui admet tous les vices possibles, toute forme d’immoralité (c’est une inclusion des vices et des vicieux). Une Eglise d’une telle orientation n’est plus l’Eglise bâtie par Notre-Seigneur. Elle ne mérite plus le titre d’Eglise. Elle n’est plus catholique. Notre combat est donc un combat pour la vraie Eglise, pour la vraie religion catholique. C’est pour ce combat que nous sommes ici près de saint Nicolas de Flüe, homme de grande foi, pour demander son assistance et son intervention auprès de Dieu. 

Le combat de la foi n’est pas un combat physique, sanglant, c’est un combat spirituel, un combat de l’intelligence, un combat de la connaissance, un combat de la raison, un combat de la vertu, comme le dit saint Paul au quatrième chapitre de sa lettre aux Ephésiens, c’est un combat pour l’homme, non contre lui, car l’homme ne trouve son accomplissement – nous pouvons dire : son bonheur – qu’en Dieu et dans la volonté de Dieu. Et la voie qui y conduit ne passe que par celui que le Père céleste a envoyé, Jésus-Christ, par son enseignement et surtout par ses grâces de salut. Par conséquent c’est aussi un combat pour la transmission fidèle de cet enseignement et de ce don de grâces, pour la sauvegarde de cette tradition, et donc de la vraie foi. Ce qui éloigne d’elle – si humain que cela puisse paraître – mène à l’erreur et à la corruption. Il faut souligner la destruction de la manière de vivre chrétiennement ou de la morale chrétienne. 

Un exemple en est la décision du « chemin synodal » d’Allemagne au sujet de la gestion de la diversité sexuelle, qui légitime l’agenda LGBTQI. Ainsi, le synode s’oppose au droit naturel et s’éloigne de la loi divine, voire ignore la loi divine et la parole de Dieu, la Bible, qui enseigne cette loi. Il le fait de manière audacieuse avec des mots qui simulent la miséricorde et l’amour, mais qui sont en réalité conçus pour précipiter l’homme dans un gouffre moral. 

Tous les hommes sont atteints par le péché originel. C’est pourquoi chaque homme porte en lui – plus ou moins – des inclinations et est soumis à des mouvements qui ne sont pas bons. Constater cela et offrir l’aide de la foi, ce n’est pas blesser ni exclure, de même que ce n’est pas exclure que de constater une maladie et initier un processus de guérison. Au contraire c’est un commandement de la charité et de la miséricorde qui découle de la vraie foi, la foi que le Seigneur nous a enseignée et qu’il nous a transmise dès l’origine par ses apôtres. Celui qui enseigne le contraire est un ennemi du Seigneur ; c’est de lui que parle le prophète Isaïe : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres, qui rendent doux ce qui est amer et amer ce qui est doux » (Is 5, 20). Et le Seigneur lui-même nous prévient : « Gardez-vous des faux prophètes ! Ils viennent à vous déguisés en brebis mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt 7, 15-16). 

Dans sa lettre de 1482 aux membres du Conseil de Berne, saint Nicolas de Flüe écrit : « Les péchés publics, il faut les empêcher et s’en tenir toujours à la justice ». Le saint nous donne ainsi le programme à suivre, un programme qui nous fortifie dans le combat spirituel pour la vraie foi. Il nous a précédés dans ce combat et il s’agit maintenant d’empêcher tout spécialement les péchés publics – cette chute de la morale chrétienne – et de s’en tenir à la justice, cette justice qui ne peut naître que de la foi en notre Roi et Sauveur Jésus-Christ. 

Que la Sainte Mère de Dieu et saint Nicolas nous viennent en aide par leur intercession. Amen. 

Mgr Vitus Huonder 

(Flüeli, le 17 septembre 2023)